Benoît XVI rappelle l’importance des coopératives

Publié le 13 Déc 2011
Au quotidien n° 247 : état de droit et refondation politique L'Homme Nouveau

Samedi dernier, le Saint-Père recevait les représentants de la Confédération des coopératives italiennes et de la Fédération italienne des banques de crédit coopératif, accompagnés de leur assistant ecclésiastique, Mgr Adriano Vincenzi. Dans un contexte de crise mondiale de l’économie, avec de profondes répercussions sociales, cette rencontre dépassait largement le cadre particulier du secteur coopératif en Italie.

 Dans son intervention, le Pape Benoît XVI a, de fait, remis en avant la solution que pouvait représenter le cadre coopératif et mutualiste et combien il entre en consonance avec la doctrine sociale de l’Église. Pour le Pape, en effet, « cette activité a toujours été réalisée en vue d’un soutien matériel à la population, d’une attention constante aux familles, en s’inspirant du magistère de l’Église 

». Il a indiqué également que « l

e cœur de l’expérience coopérative »

 consiste 

« justement dans l’engagement de composer harmonieusement la dimension individuelle et communautaire. Cette expérience est l’expression concrète de la complémentarité et de la subsidiarité que la doctrine sociale de l’Église encourage depuis toujours entre la personne et l’État. Cet équilibre entre la tutelle des droits de chacun et la promotion du bien commun dans l’effort de développer une économie locale répond toujours mieux aux exigences de la collectivité. De la même façon, et sur un plan éthique, celle-ci se caractérise par une sensibilité solidaire marquée, également dans le respect d’une juste autonomie de chacun 

».

Soulignant le contexte de crise économique, le Pape a indiqué que les coopératives avaient un rôle primordial à jouer aujourd’hui : « Vous devez être conscients que les coopératives catholiques ont un rôle important à jouer dans ce domaine 

». Ce rôle prend ainsi plusieurs dimensions :

1. Souligner par l’exemple que le marché ne peut être le seul critère de l’activité économique et montrer que « l’économie et le marché 

» ne doivent « 

jamais être détachés de la solidarité 

».

2. Montrer que le concept de culture de vie ne se réduit pas à la défense (indispensable) des premiers et derniers moments de la vie mais s’étend à toute la compréhension de la vie humaine. En ce sens, le Pape demande aux coopératives de « promouvoir la culture de la vie et de la famille et favoriser la formation de nouvelles familles qui puissent compter sur un travail digne et respectueux de la Création que Dieu a confiée à notre responsabilité 

» ;

3. Trouver l’exacte harmonie entre la recherche du bien commun et celui des biens particuliers, en développant notamment « une économie locale » 

qui

 « réponde toujours mieux aux exigences de la collectivité »

 ;

4. « Continuer à œuvrer dans la logique de l’économie de la gratuité, de la responsabilité, pour promouvoir une consommation responsable et sobre 

».

5°) Enfin Benoît XVI a montré que la dimension économique et sociale de l’activité des chrétiens ne pouvait se contenter d’œuvrer dans le seul domaine de la philanthropie mais qu’elle s’inscrivait dans celui de la charité, véritable moteur de l’action du chrétien, comme il l’avait fortement souligné dans sa première encyclique,Caritas in veritate

.

Répandu dans le monde entier, le domaine coopératif et mutualiste est particulièrement développé en Italie. Il a pris notamment un véritable essor en s’appuyant sur l’encyclique sociale de Léon XIII, Rerum Novarum

, puis au sortir de la Seconde Guerre mondiale quand il fallut reconstruire un pays déchiré et détruit. La réussite non seulement sociale mais également économique des Coopératives d’Émilie-Romagne est très souvent mise en avant comme exemple d’adaptation et de développement de ce courant de solidarité qui s’est montré capable d’être compétitif dans le cadre d’un marché de plus en plus mondialisé.

L’autre exemple d’une parfaite réussite en la matière est celle du Mondragon au Pays basque espagnol, ensemble de coopératives lancées à l’initiative d’un prêtre, le père Arizmendiarrieta.

Dans le livre publié par les éditions de l’Homme Nouveau, Small is toujours beautiful

, Joseph Pearce indique ceci :

« Le groupement de coopératives de Mondragon (…) qui emploie quelque dix-huit mille personnes au Pays basque espagnol, est sans doute la réussite coopérative la plus connue. Cette « expérience » de Mondragon, commencée dans les années 1950 par un prêtre basque, le père Arizmendiarrieta, a fait couler beaucoup d’encre, elle a été l’objet de documentaires télévisés et on la présente généralement comme le modèle à imiter dans le monde entier.

Pourtant, Mondragon n’est en aucun cas le seul exemple à suivre. En Italie, des coopératives industrielles ont tout aussi bien réussi et elles emploient environ un demi-million de personnes. Le mouvement italien a continué à croître rapidement au cours des années 1990, avec l’installation de nouvelles firmes et aussi la reprise par des travailleurs de firmes existantes. Les plus belles réussites sont les coopératives du bâtiment dont certaines sont très grandes et emploient, pour les plus importantes, jusqu’à trois mille personnes

. »

Il existe des solutions pour une économie à taille humaine, fondée sur la responsabilité, l’initiative, la solidarité et la subsidiarité, favorisant la vie de famille, une consommation sobre et responsable ainsi que le respect de la Création, tout en se plaçant dans le cadre du bien commun. Il serait temps – urgent même – que l’on écoute la voix de l’Église à ce sujet. 

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