Leçons de Vaclav Havel

Publié le 22 Déc 2011
 Leçons de Vaclav Havel L'Homme Nouveau

La disparition de l’ancien dissident puis président de la République tchèque Vaclav Havel a conduit sur le moment à la publication d’une multitude d’éloges avant de disparaître sous l’écorce d’une actualité véritablement chronophage. Dans le même temps, la Corée du Nord voyait  la disparition du tyran qui était à sa tête – Kim Jong-il – et entrait dans une nouvelle ère pleine d’incertitudes. Les journaux n’ont cessé d’en parler, comme si la peur qui habite d’un coup le monde l’empêchait de dormir avant la dégustation de la dinde de Noël. Ce n’est pas le sort du peuple de Corée qui inquiète l’Occident, mais la crainte de voir sa tranquillité bousculée. À sa manière Vaclav Havel avait aussi bousculé cette tranquillité de l’Occident en refusant le mensonge du système communiste. Cette leçon est toujours d’actualité. Voici donc un extrait de l’article de Stéphen de Petiville que L’Homme Nouveau publiera dans son numéro du 31 décembre.

Vaclav (prononcez Vatslav) Havel est mort dimanche 18 décembre dernier à l’âge de 75 ans. Parmi les essais politiques, Le pouvoir des sans pouvoir

 écrit en 1978 est certainement l’un des plus intéressants dans la mesure où il y décortique les mécanismes de ce qu’il appelle « 

la vie dans le mensonge 

» et que l’appel à la dissidence et à la vie dans la vérité y est explicite. Pour Havel, c’est la multitude de ces petites compromissions qui fait système. Compromissions sans gravité à première vue – mettre un panonceau dans une vitrine qui demande aux gens de s’unir – mais c’est l’addition de tous ces petits gestes sans conséquence qui en vient à faire système en acculturant l’idéologie communiste pour en faire un élément naturel comme le vent, le paysage ou les odeurs. Certes, l’individu n’est pas obligé de croire en son for interne à toutes ces mystifications, mais il est sommé de n’en rien manifester à l’extérieur. Vie intérieure, vie publique, le communisme a su lui aussi imposer cette forme de schizophrénie que l’on connaît fort bien dans nos démocraties libérales. La dissidence a donc valeur d’exemple. Havel disait d’ailleurs que comme dans un opéra, tout commence par un solo, puis un duo qui se prolonge en trio ou quatuor pour finir par un chœur. C’est ce qui s’est passé dans la réalité. Le système est tombé parce que les Tchèques et les Slovaques dès la mi-89 n’avaient plus peur et que plus personne, y compris la classe politique, ne croyait aux vertus du système. C’est ainsi qu’a germé la fameuse « Révolution de velours ». Que la leçon morale insufflée par Havel soit entendue jusque dans nos démocraties libérales post-totalitaires !

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
SociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe