À l’heure d’un féminisme exacerbé, quoi de plus simple que de jeter le blâme sur l’Ancien et le Nouveau Testament des chrétiens… Pourtant, c’est à travers le regard du Christ que la considération de la femme a évolué, dans ces sociétés historiquement patriarcales. Il a bravé les tabous et bouleversé les codes pour celles qui ont été créées à son image. Dans la société d’aujourd’hui, la Bible se trouve exposée à toutes sortes de fausses rumeurs, dont l’accusation de misogynie, portée sur l’ensemble du livre, et tout particulièrement sur l’apôtre Paul, bouc émissaire tout désigné en la matière. Certes, les textes bibliques, surtout l’Ancien Testament, ont été produits dans le cadre de sociétés à forte dominante masculine. Dès lors, il pourrait paraître inconvenant de projeter sur les livres anciens une grille de lecture contemporaine, forcément sensible aux revendications féminines, sinon féministes. Mais, on le sait bien aussi, les grands textes de la littérature, dont la Bible, ne sont pas les réservoirs d’un sens premier acquis une fois pour toutes, mais constituent une source inépuisable et sans cesse enrichie, au gré des lectures opérées au cours des siècles. Il n’est pas étonnant que des lecteurs d’aujourd’hui s’intéressent à la situation des femmes dans la Bible. Il ne s’agit pas pour autant de jeter la pierre à nos prédécesseurs qui, en d’autres temps, ne se préoccupaient guère de la question féminine et pouvaient se satisfaire d’interprétations privilégiant le point de vue masculin. Il n’est pas étonnant que l’Ancien Testament soit le reflet de sociétés dominées par les hommes, surtout lorsqu’on monte dans la hiérarchie des pouvoirs politiques et religieux. Cette image négative mérite cependant quelques corrections. Ainsi, face au trio des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, se tiennent les quatre épouses, parfois qualifiées de « matriarches » : Sarah, Rébecca, Léa et Rachel, figures lumineuses, non dénuées de caractère. À leur suite, de nombreuses femmes se trouveront engagées dans l’histoire du peuple élu : la sœur et l’épouse de Moïse au temps de l’Exode, Rahab à l’heure de la conquête, Déborah parmi les « juges » établis en terre de Canaan ou bien, beaucoup plus tard, les héroïnes du combat pour la survie d’Israël, tant Esther que Judith. Mais il y en a tant d’autres qui, participant à l’histoire sainte, servent ainsi le dessein de Dieu. Citons Agar, la seconde épouse d’Abraham, Tamar l’astucieuse bru de Jacob, Hulda la prophétesse auprès du roi Josias, Ruth l’étrangère aïeule…
La pause liturgique : Kyrie 11 Orbis Factor (temps ordinaire)
C’est probablement ce Kyrie 11 qui est le plus célèbre et le plus connu des fidèles, après le Kyrie 8 de la messe des anges. Il se chante habituellement les dimanches du temps ordinaire et existe sous deux formes, l’une plus brève et plus antique (Xe siècle) ; l’autre plus prolixe, la plus connue, qui n’est qu’un développement mélodique du précédent, et qui se serait propagée entre le XIVe et le XVIe siècle. C’est un Kyrie du 1er mode, admirable de paix et de sérénité.