La pause liturgique : Glória 11 Orbis Factor (temps ordinaire)

Publié le 14 Juin 2025
communion alleluia sanctus agnus introït

Messe Orbis factor

  • Kyrie 11
  • Glória 11
  • Sanctus 11
  • Agnus 11

 

Commentaire musical

Gloria 11 Partition glória

 

Voici un Glória doux et assez répétitif. Dom Gajard le qualifie avec éloge en le décrivant ainsi : « d’une gravité splendide, il n’a pas cependant un caractère lourd, pesant : il est ravissant ; il donne une impression de paix, de plénitude extraordinaire avec ses belles cadences en Ré mineur et puis le crescendo reprend. Tout ceci est intérieur ; rien pour l’effet ! C’est du grégorien pur. »

Ce Glória remonte au moins au Xe siècle. Le 2e mode, auquel il emprunte sa mélodie, contribue certainement à lui donner ce caractère paisible, doux, grave aussi, profond.

L’intonation, lumineuse et douce à la fois, contient les thèmes principaux de toute la pièce. Le tout premier intervalle de quarte Ré-Sol va se retrouver six fois tout au long du Glória : sur homínibus, sur les trois Dómine, sur le Qui sedes et sur le Quóniam.

Quant à la double cadence élargie aux trois notes qui la précèdent Ré-Mi-Fa-Mi-Ré, formant une courbe parfaite, on la retrouve soit à l’identique soit légèrement modifiée, semée à peu près partout, à chaque cadence ou presque. Cela donne à ce Glória un caractère répétitif mais qui n’a rien de lassant car les petites nuances infimes mettent de la vie dans cette très belle pièce tout intérieure.

Le mouvement est bien lancé par le petit passage syllabique initial sur et in terra. Homínibus reprend le thème mélodique du Glória, et bonæ voluntátis reprend de même la mélodie de in excélsis Deo.

La série des verbes laudámus, benedícimus, adorámus, glorificámus, est en progression générale, même si le second verbe, benedícimus, est plutôt en détente, de même que le dernier verbe de la série, grátias ágimus, calme et très paisible, qui conclut avec légèreté cet ensemble.

Viennent ensuite les trois Dómine qui, comme on l’a dit, reprennent initialement la formule d’intonation avec son intervalle de quarte Ré-Sol et les trois neumes suivants. On peut faire sentir un léger crescendo d’une invocation sur l’autre, toutes trois étant vraiment bâties sur le même schéma.

De même d’ailleurs que les deux Qui tollis peccáta mundi qui, s’ils ne reprennent pas la formule de l’intonation mais partent plutôt vers le grave, de façon suggestive, puisqu’il s’agit d’évoquer les péchés du monde, se concluent, sur miserére nobis, exactement de la même manière que les invocations précédentes.

Par contre, le Qui sedes retrouve, lui, une nouvelle fois, l’intervalle Ré-Sol, tout comme le Quóniam qui suit.

Rien d’original non plus sur les trois Tu solus : le premier reprend intégralement la formule d’intonation ; le second ne se comprend mélodiquement et modalement que lié au suivant avec lequel il forme un ensemble ; le troisième se concluant, sur Jesu Christe, de la même manière que le Jesu Christe du Dómine Fili.

La seule vraie exception, tout au long de la pièce, c’est sa finale trinitaire, avec le bel élan expressif de in glória, qui fait toucher le La pour l’unique fois, la détente relative sur Dei, et sa montée intensive vers l’accent de Patris, ce dernier nom étant de loin le plus développé, le plus riche neumatiquement.

Sa belle sinuosité, montante, descendante, remontante et finalement descendante, avec sa progression privilégiant les degrés conjoints, son caractère soutenu jusqu’au bout, lui donnent une plénitude qui en fait le sommet et comme le pôle attractif de toute la pièce, ce qui est très heureux théologiquement, le Père étant Principe et Fin ultime de toute créature, de tout itinéraire, de toute louange.

Il est indéniable que ce Glória se répète, et pourtant, les petites nuances infimes jetées ici ou là, l’empêchent, loin s’en faut, de tomber dans la rengaine. Il se dégage de cette mélodie une paix, une douceur, une certitude tranquille et comme imperturbable.

On possède de nombreux tropes de ce Glória, c’est-à-dire des textes plaqués sur sa mélodie, note à note, ce qui prouve qu’elle était appréciée et même très populaire au Moyen-Âge. Il demeure de nos jours un humble joyau musical, digne représentant de l’hymne angélique.

 

>> à lire également : Visite guidée des églises autour de Notre-Dame

 

Un moine de Triors

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