C’est l’histoire (vraie) d’une petite école, comme nous les aimons et comme notre président ne les aime pas beaucoup. Une petite école, dont on taira le nom, créée il y a peu et menant son petit bonhomme de chemin avec une trentaine d’élèves et sans doute plus encore l’année prochaine. Un bon niveau scolaire, des institutrices charmantes, épanouies et dévouées, des parents heureux pour leurs enfants et des élèves… turbulents certes, mais finalement tout à fait normaux. Mais une normalité libre et catholique ne plaît pas toujours.
Dans le paysage scolaire actuel, les écoles juives et coraniques hors contrat sont légions, plus nombreuses encore que les établissements catholiques. Difficile, donc, d’interdire l’enseignement hors contrat sans froisser certaines sensibilités disons… très susceptibles.
Mais voyez-vous, il y a des moyens beaucoup plus fourbes et bigrement efficaces. Dans notre société qui avorte 96 % des enfants dépistés trisomiques, la lutte pour l’intégration à bon dos, mobilise peu mais sert parfois. Dans un pays ou les communautarismes s’exacerbent à force de vouloir mélanger tout ce qui bouge, la lutte contre les sectes ressemble de plus en plus à une farce mais peut s’avérer utile de temps à autre.
Ainsi donc, notre petite école a reçu un beau matin le terrible papier les prévenant d’une prochaine inspection pour suspicion de dérives sectaires…
Pensez-vous ! La prière tous les matins, un crucifix dans chaque classe et des institutrices catholiques… Ces dernières avaient la conscience tranquille mais n’en menaient pas large, conscientes que les inspecteurs seraient intraitables. La première épreuve était passée, l’école a donc reçu un second papier pour une inspection, cette fois-ci, sur le respect des normes d’hygiène et de sécurité. Là-bas, il n’y a pas d’élève handicapé. Non pas parce qu’ils auraient été refusés – cela va sans dire que dans ce genre de familles les personnes handicapées ne sont ni dépistées ni avortées – mais parce qu’aucune demande n’avait était faite. Pas d’élève handicapé donc, mais la loi exige que tout soit prévu à cet effet, quel qu’en soit le coût, et parfois en dépit du bon sens. Il ne suffit pas que la personne handicapée puisse se rendre dans sa classe, il faut qu’elle puisse se rendre dans toutes les classes ! Vous pensiez qu’aménager la classe du rez-de-chaussée, dont les portes sont déjà suffisamment larges, suffirait ? Que nenni ! Ascenseur donc à tous les étages, nouvelles portes aux normes et tutti quanti.
L’école qui nous occupe, par chance, est de plain pied, la question de l’ascenseur était réglée. Il a quand même fallu, un samedi après-midi et en catastrophe, aménager un simili de place pour personne handicapée dans la cour et une sorte de rampe d’accès faite avec les moyens du bord. Avec quelques énervements, des pinceaux et un peu de peinture blanche, le tour était joué. Personne ne serait dupe mais la mise en scène allait sauver l’école.
Le lundi suivant, jour de l’inspection, les élèves ont découvert les nouveaux aménagements, et du haut de leurs 7 ans, jugé la chose plutôt cocasse. Les institutrices étaient partagées entre la honte, la peur et l’hilarité quand, accompagnant les inspecteurs dans la cour où s’amusaient les gamins, ils les ont découvert faisant les zouaves sur la place handicapée, nouvelle attraction du jour, qui faisant office de fauteuil roulant, qui singeant un tétraplégique ou imitant sa petite cousine trisomique…