États-Unis : Les Cristeros à l’affiche

Publié le 05 Juin 2012
États-Unis : Les Cristeros à l’affiche L'Homme Nouveau

Un président athée déterminé à asphyxier l’Église. En face, de fervents catholiques prêts à mourir pour défendre leur foi, leur famille, leur liberté. For Greater Glory, qui décrit l’épopée des Cristeros mexicains (1926-1929), a envahi les écrans américains ce 1er juin. Un coup de clairon.

Cristeros

Ils sont morts en criant « Viva Cristo Rey ! ». Trente-neuf d’entre eux, dont le père Miguel Pro, ont été béatifiés ou canonisés par Jean-Paul II ou Benoît XVI. Leur héroïsme, qui rappelle celui des Vendéens en 1793, a de quoi inspirer beaucoup d’âmes confrontées aujourd’hui dans de nombreux pays à ce choix décisif : renier sa foi ou obéir à Dieu. En mars dernier, le Saint-Père célébra la messe à Leon, au Mexique, au pied d’une immense statue du Christ-Roi. Mais le 1er juillet prochain, malgré l’annulation récente par le Sénat mexicain des lois anticléricales de 1917, l’élection présidentielle risque fort de rétablir au pouvoir le parti révolutionnaire qui imposa la longue persécution anticatholique. Le film avait pris du retard… Maintenant, il tombe à pic.

La concordance chronologique entre cette nouvelle menace, le bras de fer qui oppose aux États-Unis Obama à l’Église (cf. L’H.N. nos 1514 et 1515) et la sortie de son œuvre n’a pas échappé au producteur Pablo Jose Barroso. « C’est un signe du Ciel », estime ce promoteur immobilier fixé à Mexico. Il lui a fallu plus de trois ans pour monter ce projet de 25 millions de dollars – budget modeste pour Hollywood mais énorme au sud du Rio Grande – et faire revivre cette histoire dont trois Mexicains sur quatre ignorent tout. Pas un mot sur les Cristeros dans les écoles publiques de son pays natal, constate Eduardo Verástegui, qui joue le rôle de l’un des martyrs, l’avocat pacifiste Anacleto Flores. « J’espère, confie cet acteur révélé en 2006 par le film pro-vie Bella, qu’après avoir vu ce film, les gens seront inspirés, qu’ils auront envie d’aimer davantage, de pardonner, de se sacrifier. »

Les Cristeros ? Un tabou tenace. Très peu de Mexicains savent qu’en 1934, dans leur pays, le nombre de prêtres officiels dégringola à… 334, pour 15 millions de catholiques. Et que les clercs fidèles à leur vocation furent contraints à l’exil ou à l’errance clandestine avant d’être emprisonnés ou exécutés sur ordre du président franc-maçon Plutarco Calles. Le tabou est en train de sauter, le passé revient au galop : depuis le 20 avril dernier, sous le titre Cristiada, le film fait salle comble au Mexique.

L’un des jeunes martyrs, José Luis Sanchez del Rio, gamin d’une vaillance inouïe, tendu vers son désir du Ciel malgré les pires tortures, est incarné dans le film par l’acteur mexicain Mauricio Kuri, 14 ans, qui brille dans ce rôle-clé. « Il voulait donner sa vie pour le Christ », explique Mauricio, notant avec reconnaissance que la messe fut célébrée chaque jour lors du tournage. « Je voudrais faire la même chose. » La relation filiale de José avec le général à la retraite Enrique Gorostieta, un agnostique remis en selle, littéralement, par l’injustice de la situation, éclaire de façon poignante cet épique long métrage fondé sur les travaux de l’historien français Jean Meyer (1).

Toute l’équipe du film est d’origine mexicaine, à l’exception du réalisateur novice Dean Wright, maître des effets spéciaux qui a perfectionné son art sur les plateaux de Titanic, des Chroniques de Narnia et du Seigneur des Anneaux. À l’exception aussi du compositeur James Horner (Braveheart). Et de quelques acteurs dont Peter O’Toole qui, pour l’occasion, porte le col romain. La vedette féminine, Eva Longoria, est née à Corpus Christi, au Texas, de parents mexicains. Quant à Andy Garcia, qui joue l’ex-général recruté par les Cristeros pour mener leurs troupes au combat, il est originaire de Cuba. Lui non plus n’avait jamais entendu parler de cette prise d’armes contre une révolution impitoyable qui priva brutalement la population des sept sacrements. Pourtant, le scénario l’a tout de suite attiré. Par goût de l’aventure : tourner à cheval, dans les vastes plaines – comment ne pas songer aux grands films de John Ford ou de David Lean ? Mais aussi en raison de son histoire personnelle : né à La Havane, il quitta Cuba à l’âge de 5 ans avec sa famille qui trouva refuge en Floride en 1961. « Je viens d’un pays où les droits les plus élémentaires ont été arrachés aux citoyens par le régime de Castro – et où cela n’est pas fini… Ici, nous avons le droit de former des organisations, de critiquer. Nous nous sommes battus pour ces droits. Nous devons les chérir et les protéger. La liberté a un prix, rappelle Andy Garcia. La liberté ne va jamais de soi. »

For Greater Glory est destiné à toucher non seulement les catholiques, non seulement les chrétiens, mais tous les hommes de bonne volonté. Il montre ce qui peut se passer quand des gens ordinaires, confrontés au mal, décident de risquer leur vie pour Dieu, leur famille et leur patrie. Les Cristeros ne sont pas morts. Les reliques de six prêtres-martyrs ont entamé fin avril à Houston une tournée de six villes de l’ouest, dont Los Angeles. Mgr José Gomez, son archevêque, né au Mexique, qui accueillera ces reliques dans sa cathédrale, espère que le film encouragera beaucoup de spectateurs à se battre pour l’Égli­se.

1.

    

1. Co-auteur avec Reynald Secher de La Vendée-Vengé, Perrin, 360 p., 23,50 e.

Pour mieux comprendre leur histoire, lisez l’ouvrage d’Hugues Kéraly disponible aux éditions de L’Homme Nouveau (cf. le lien ci-dessous)

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