La loi du marché a cela de terrible qu’elle ne souffre aucune autre règle que celle du profit. À juste titre, une partie de la société s’est opposée, dès ses débuts, au développement des techniques de procréation médicalement assistée, en particulier la fécondation in vitro (FIV). À juste titre encore, elle a dénoncé la gestation pour autrui (GPA) déjà en vigueur dans certains pays et certainement légalisée très prochainement en France.
À ceux qui dénonçaient la marchandisation du corps et la métamorphose de l’enfant sujet de droit en objet de droit, on a répondu liberté, réparation de l’injustice faite à ceux qui ne peuvent procréer naturellement, on a répondu souffrance des adultes et droit de tous à fonder une famille.
Égalité, réparation de l’injustice, consolation de ceux qui souffrent : des motifs louables lorsqu’ils ne sont pas pervertis, au mieux par un idéalisme teinté d’ignorance, au pire par la volonté d’arracher l’homme à la réalité même. Car nul n’échappe à la souffrance, nul n’échappe aux limites de son corps. La souffrance de la fertilité est immense, elle ne justifie pas tout pour autant. Elle est d’ailleurs un alibi bien commode pour légitimer les revendications du lobby LGBT, personne n’en est dupe !
Les moyens conçus par les modernes pour répondre à cette souffrance reposent sur la marchandisation pure et simple du corps. Aussi l’homme se trouve-t-il désormais soumis aux lois du marché comme le serait un téléphone ou un cageot de tomates. Oui, on peut acheter des bébés. Oui, il est des organismes dans certains pays pour proposer des « réductions de printemps » sur les enfants.
Désormais se prépare aussi l’entrée sur le marché de forfaits FIV « bébés compris » à prix compétitifs. La fondation belge « The Walking Egg » a mis au point une méthode de FIV simplifiée et se vante de mettre bientôt sur Internet un service procréation médicalement assistée « low cost » : le bébé à bas prix, le bébé bradé, le bébé pour que les pauvres aient les mêmes chances de procréer que les riches – car c’est ainsi qu’ils se justifient.
Nous avons mis un doigt dans l’engrenage avec la procréation médicalement assistée, nous finirons intégralement broyés. Il est déjà possible de prévoir l’évolution du commerce de bébés, il suffit d’observer le mécanisme qui s’opère pour n’importe quelle autre marchandise. La chose est pénible à imaginer, il faut pourtant se rendre à l’évidence. Il y aura un cours du bébé, des contrefaçons de bébés, pourquoi pas des bébés « made in China » qui inonderont le marché européen…
Pour beaucoup d’entre eux, nos contemporains sont à même de comprendre qu’un enfant ne se marchande pas, qu’il a trop de valeur pour avoir un prix. Demeure l’objection de la souffrance, qui ne se balaye pas d’un revers de main. Que répondre à la femme qui souffre de ne pouvoir mettre d’enfant au monde ? Les concepts ne suffisent pas, et aussi terrible que cela puisse paraître, il nous faut réapprendre à nos contemporains que la souffrance est inhérente à la vie même. Sans s’y complaire, sans dolorisme, sans fatalisme mais avec réalisme.