Revenons sur l’homélie de la messe de l’Assomption donnée le 15 août dernier par le pape François
Depuis le 1er novembre 1950, du fait de la déclaration solennelle et infaillible de Pie XII qui déclare : « Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste », on n’est plus catholique si l’on ne croit pas à l’Assomption corps et âme de Marie au Ciel. On remarquera que la définition est bien précise. Si le reste de la constitution doit être reçu avec docilité, il n’est pas du domaine de l’obéissance de la foi. Ainsi, est-on libre de croire que Marie n’est pas morte, bien que cela soit fort peu probable étant donnée l’unanimité sur ce point du Magistère, depuis Pie IX jusqu’au pape François et de tous les auteurs spirituels. Pour ce qui est du lieu de la mort, alors que beaucoup penchent pour Éphèse en raison des visions de Catherine Emmerich et du fait que Marie y résida avec saint Jean, je pense plus sûr d’admettre que ce fut à Jérusalem, en raison d’une tradition plus ancienne et surtout du fait que Marie a voulu en tout se conformer à son Fils. Cette dernière tradition a été fort bien explicitée par saint Jean Damascène qui, pour l’anecdote, précise qu’à son accoutumée l’apôtre Thomas est arrivé en retard. Libre aussi de penser que d’autres saintes personnes sont également au Ciel corps et âme. En effet, Pie XII n’a pas employé, à l’inverse de Pie IX pour l’Immaculée, l’expression « privilège unique ». Beaucoup, dont saint Thomas d’Aquin et saint François de Sales, croient en l’Assomption de saint Joseph comme en celle de saint Jean l’évangéliste. D’autres en celles d’Élie ou d’Enoch.
Depuis Pie XII, le passage évangélique est celui de la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth. Marie est montée en hâte, caractéristique de sa charité et de son service. Le Pape insiste sur la montée, caractéristique de l’évangile selon saint Luc, qui amplifie la montée du Christ vers Jérusalem, lieu du don de soi sur la Croix. Jésus et Marie parcourent toujours la même route, tous les deux montent pour glorifier Dieu et servir leurs frères. C’est donc sur ces deux thèmes du service et de la louange que ce concentre la méditation du Pape. Le service d’abord toujours lié à l’humilité. Pour monter vraiment dans la vie spirituelle, il faut descendre et s’anéantir à l’exemple du Christ qui « a tellement pris la dernière place qu’elle ne lui sera plus jamais ôtée ». Pour régner, il faut servir, selon la très belle postcommunion de saint Irénée, qui sert, dans la forme ordinaire, de collecte pour les mémoires de saint Casimir et de saint Jean Gualbert. Le vrai bénévolat dans cette ligne de service de Dieu et des autres, permet certainement de s’élever et de gagner son ciel. Mais le service sera toujours stérile s’il reste au plan horizontal de la philanthropie. Il doit être imprégné de la transcendance divine et, pour cela, il doit s’allier à la louange, ce que fait Marie dans son Magnificat. Celui qui aime vraiment Dieu et qui le sert se transporte toujours en action de grâces et en louanges pour remercier Dieu de ses bienfaits. Alors posons-nous les vraies questions : est-ce que je me consacre gratuitement au service de Dieu, des autres et à la louange ? Est-ce que je prie en bénissant le Seigneur ?
Regardons Marie, montée au Ciel. Laissons-nous encourager par la foi et la fête de la joie : Dieu triomphe toujours, mais par les humbles et les serviteurs souffrants, à l’instar de son Fils et de sa Mère et de tous les saints qui ont revêtu le linge de l’humilité, avec lequel Jésus pourtant Maître et Seigneur a lavé les pieds de ses disciples. La foi, apparemment faible, est la véritable force du monde. L’amour est plus fort que la haine. Cet amour né et engendré par l’humilité devient louange féconde qui s’inscrit dans le chœur des Anges et des saints de la Jérusalem céleste qui fêta la Femme couronnée d’étoiles, au jour de sa montée corps et âme au Ciel. Et nous disons avec sa Élisabeth : « Bénie sois-tu entre toutes les femmes » et avec toute l’Église : « Sainte Marie prie pour nous pécheurs, maintenant et à l’heure et de notre mort. »