Alors que, début septembre, la réunion du G20 à New Delhi a confirmé la prétention de l’Inde à être une puissance mondiale, les violences interethniques dans l’État du Manipur, au nord-est du pays, se sont poursuivies. Elles ont déjà provoqué la mort de près de 200 personnes et la destruction de 249 églises chrétiennes.
L’État du Manipur, au nord-est de l’Inde, à la frontière birmane, compte 3,5 millions d’habitants. Les Meiteis – l’ethnie dominante, très majoritairement de confession hindoue – représentent 53 % de la population. Parmi les minorités, la plus nombreuse, les Kukis, est de confession chrétienne. Selon le site Manipur Online, le nombre des chrétiens de différentes ethnies est en augmentation dans l’État : 19,5 % en 1961, 41,3 % en 2011 ; soit autant désormais que les hindous.
Des affrontements de plus en plus religieux
Les affrontements interethniques dans cet État sont anciens et ont des causes multiples : la propriété des terres, l’immigration birmane, les emplois réservés aux « tribus répertoriées ». Mais les incidents qui ont commencé le 3 mai dernier se sont très vite transformés en affrontements religieux. Selon un rapport établi par Mgr Dominic Lumon, archevêque d’Imphal, la capitale du Manipur, depuis cette date, près de 200 personnes ont été tuées, plusieurs milliers ont été blessées, plus de 60 000 ont été déplacées, vivant dans des camps de réfugiés, des centaines de maisons ont été brûlées et 249 églises et temples protestants ont été détruits. L’état d’urgence proclamé par le gouverneur de l’État et le déploiement de l’armée n’ont pas suffi à faire cesser les violences. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a tardé à s’exprimer sur les affrontements et les violences terribles qui ont lieu au Manipur. Il n’a réagi que le 20 juillet dernier, lors de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo qui montrait deux femmes kukies contraintes par des manifestants meiteis à défiler nues dans la rue (l’une aurait ensuite été violée). Le Premier ministre indien a dénoncé « une honte pour n’importe quelle société civilisée » et a assuré : « aucun coupable ne sera épargné […] ce qui s’est passé avec les filles du Manipur ne pourra jamais être pardonné ».
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