Le dimanche toujours en question

Publié le 11 Jan 2014
Le dimanche toujours en question L'Homme Nouveau

Le rapport Bailly de décembre dernier sur le travail dominical ne saurait faire oublier les propos discordants de Marisol Touraine promettant que « le gouvernement allait faire évoluer les choses ». La vigilance est donc de rigueur avant la nouvelle loi prévue pour 2014.

Une réalité non négociable

En voulant ménager la chèvre et le choux, le rapport Bailly (rendu le 2 décembre dernier) sur le travail dominical n’a pas vraiment apporté de solution satisfaisante. Et l’on doit rester vigilant et mobilisé au sujet de cette nouvelle loi que nous annonce Jean-Marc Ayrault pour cette année 2014. La culture du dimanche et des fêtes n’est pas le fruit d’une pensée économique ou arbitraire mais d’une vraie écologie humaine. Elle est le résultat d’une tradition fondée sur la loi naturelle qui est l’autre nom de la loi de Dieu. Elle n’est pas négociable comme peut l’être une marchandise au nom du libre-échange !

Propos contradictoires

À l’issue d’une réunion à Matignon entre Jean-Marc Ayrault et les ministres du Commerce, du Travail, de la Consommation et de l’Économie – mais où est donc passé le ministre de l’Intérieur (et des Cultes) ? –, Michel Sapin l’avait certes promis : il ne s’agit en aucun cas de « toucher à ce principe essentiel » du repos dominical. Et le Premier ministre s’est dit depuis hostile à une société du « tout mercantile » où « l’optimum des loisirs serait le centre commercial ». Il s’agit toujours prétendument de « clarifier le cadre juridique » et d’« éclairer les enjeux de l’ouverture de certains commerces ».

En dépit des déclarations d’intention, les enjeux sont pourtant criants : favoriser toujours plus le renard libre dans le poulailler, c’est-à-dire le gros capital : les grandes surfaces au détriment des petits commerces. « Il y a des salariés qui ont envie de travailler le dimanche, des gens qui ont envie de faire leurs courses le dimanche », « le précédent gouvernement a laissé s’empiler des règles, des lois, à l’arrivée on n’y comprend plus grand-chose », a résumé Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales (et de la Santé).

Lorsqu’on paie davantage ses employés le dimanche, il y a forcément incitation. Il y a aussi des femmes, voire des enfants, qui ont « envie » (par la force des choses) de travailler la nuit, et cela arrangerait bien les patrons, la productivité et la croissance si la loi le permettait inconsidérément, sous couvert de volontariat… Quid du progrès social ?

Pour la cohésion familiale et sociale

Une fois n’est pas coutume !, c’est la CGT qui soulève le problème de fond avec les chrétiens qui se souviennent encore du Décalogue : le dimanche reste un aspect essentiel en France de la cohésion sociale et familiale. C’est vrai au plan naturel, moral et politique, avant même de l’être au plan confessionnel : l’homme ne vit pas seulement de pain !

La respiration (sur)naturelle d’une société dans le temps nécessite forcément la pause d’un jour chômé. Avec la loi (morale) naturelle, l’histoire et l’identité d’une nation « imposent » ce jour et ce rythme auxquels les personnes aussi bien que les minorités doivent elles-mêmes se subordonner, malgré des « envies » ou des traditions religieuses éventuellement différentes. Les sophismes de l’individualisme, du libéralisme ou du pluralisme ne tiennent pas devant ce bien commun du dimanche, à la fois temporel (laïc) et surnaturel (chrétien).

La dissociété de consommation

La question du dimanche n’est pas une affaire de liberté individuelle qui doive laisser l’autorité politique indifférente ou incompétente. Dans la dissociété de consommation, c’est une affaire de salut public, où les catholiques et les hommes de bonne volonté doivent se mobiliser pour le bien commun national, c’est-à-dire pour notre concorde temporelle certes, mais aussi pour le salut éternel de chacun. Car, en effet : « Tu sanctifieras le jour du Seigneur » (Cf. Ex 20, 8-11) !

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