J’étais franc-maçon

Publié le 30 Juil 2014
J'étais franc-maçon L'Homme Nouveau

Le grand succès de Maurice Caillet a fait l’objet d’une réédition. Un ouvrage agréable à lire, qui illustre bien les raisons pour lesquelles engagement maçonnique et foi catholique sont incompatibles.

« Demandez et vous recevrez ».
C’est le sous-titre de l’ouvrage de Maurice Caillet. Mais surtout, « frappez et l’on vous ouvrira ». Même si vous avez fermé la porte à double tour. L’ancien franc-maçon raconte dans son livre cette extraordinaire puissance de Dieu, et dénonce l’un des pièges majeurs tendus à l’homme : l’orgueil de la toute-puissance.

Son seul credo : l’apparition de la vie sur terre par la rencontre hasardeuse de quelques molécules d’acides aminés. Gynécologue brillant, fervent militant de la contraception comme prémisse de la libération de la femme, Maurice Caillet croit fermement que la science résoudra toutes les questions humaines. Féministe au sens contraceptif du terme, il adhère au Planning familial. Il méprise la foi chrétienne et les croyances religieuses en général, « tranquillisant pour esprits faibles ». Il est sûr de sa raison, sûr de son intelligence, libre de vivre comme il l’entend. Il a réussi professionnellement.

La première claque que lui inflige la vie marque un brusque virage. Lorsqu’il divorce, un ami lui propose d’intégrer une famille spirituelle. Le Grand Orient de France lui ouvre chaleureusement les bras. Philosophiquement, professionnellement, éthiquement, il a « le profil ». Rapidement débute son initiation, l’ascension des marches qui le conduiront jusqu’au statut de maître. Son récit nous plonge dans ce processus, ses cérémonies, ses rites, la gestuelle symbolique omniprésente, et la percée progressive de la philosophie maçonnique. Maurice Caillet est bon élève, il franchit rapidement les échelons. Il s’initie parallèlement à l’occultisme et mord à tous les râteliers ésotériques qui se présentent. Il se remarie, devient directeur du Centre d’examens de santé de Rennes. Ses frères aplanissent sa route.

La Grâce fait mouche

15 ans plus tard, son épouse est malade. Ils passent un jour à Lourdes, espérant pour elle un choc psychologique ou cosmo-tellurique salvateur. Contre toute attente, le franc-maçon est touché en plein cœur. Il enveloppe sa vie d’un regard nouveau. Mais dépouiller le vieil homme est lent, douloureux, et il lui faut bien être porté par un élan surnaturel pour s’arracher de la toile d’araignée dans laquelle il est pris. De la découverte de la profonde intolérance maçonnique à l’abandon de ses « frères » de loge, des persécutions professionnelles aux menaces de mort, Maurice Caillet raconte son chemin de croix jusqu’à ce que feuille après feuille, haillon après haillon, il entre dans l’Eglise universelle. Un parcours si improbable qu’on en sort émerveillé par la puissance de l’Esprit, qui souffle où Il veut, et par la force de l’homme qui accepte d’entendre Sa voix.

De la spiritualité à la Vérité

De lecture très aisée, cet ouvrage aux allures de roman permet d’intégrer les contours de la franc-maçonnerie, ses attraits, ses pièges, et, cheval de bataille de Maurice Caillet, l’incompatibilité entre l’engagement maçonnique et la foi catholique. J’étais franc-maçon est le septième ouvrage qu’il écrit sur ce thème.

Notons que le descriptif des rites initiatiques et de la « foi » véhiculée, aussi bien que l’historique, correspondent en tous points aux explications données par les grands-maîtres du mouvement. L’esprit aguiché par l’idée de découvrir les dessous de l’affaire en sort cependant un peu déçu. Non que le livre ne tienne pas ses promesses. Bien au contraire. Mais l’absence de transcendance, la pauvreté symbolique des rituels, leur puérilité même laissent un peu perplexe. Comment tant d’hommes supposés chantres du rationalisme peuvent-ils se laisser entraîner par de si piètres sirènes ? Lorsqu’on a goûté à la spiritualité que propose l’Église, on trouve qu’en fait de séductrices, celles-ci relèvent plutôt de la poissonnière que du conte d’Andersen. Chargée de symboles chrétiens détournés, alignant une succession de jeux de Kim ou apparentés, et surtout demandeuse d’une éradication complète des convictions antérieures laissant l’esprit perméable à tout ce qui lui sera insufflé, l’initiation a des relents de conditionnement. Elle donne à penser que, plus qu’un désir d’initiation à un secret fondateur, l’appartenance à la FM présente des attraits assez pauvrement humains : le plaisir d’être un élu, de se trouver une communauté de frères, de n’avoir ultimement plus à penser par soi-même puisque les buts poursuivis sont dictés et jalousement surveillés, de bénéficier de soutiens et de privilèges qui sont une véritable insulte à la démocratie de laquelle ils se réclament pourtant… toutes choses que Maurice Caillet illustre à mesure de son éloignement, qu’il payera de sa vie professionnelle. Ce n’est d’ailleurs que l’un des nombreux paradoxes de cette « association » qui compterait 150 000 membres en France. De même, sous prétexte de rationalisme, les maçons rejettent la religion, pour au final se plonger dans une spiritualité syncrétiste assez vidée de sa substance puisqu’elle se veut fédératrice, et surtout parce qu’elle refuse toute véritable transcendance, considérant l’homme comme celui qui rendra parfaite la Création. Tout cela manque fort de souffle !

Un petit reproche pourrait cependant être fait à ce plaidoyer : le néophyte se perd un peu dans les méandres des grades maçonniques, mêlés à d’autres initiations ésotériques. Un petit schéma eût peut-être facilité la lecture. Mais ce détail ne nuit pas à la compréhension globale.

Les vrais « dessous » de la Franc-Maçonnerie

Au fil du livre se dévoilent quantité d’informations intéressantes. Le serment maçonnique oblige à risquer sa vie pour ses frères. Celui qui l’accomplit ne doit pas faire machine arrière, même s’il ignore ce à quoi il s’engage ; c’est d’ailleurs l’une des raisons de la condamnation de la maçonnerie par l’Église. Se font jour les fortes accointances entre le Grand Orient de France et le Planning familial, Force ouvrière et les hautes sphères de la Sécurité sociale. Ce livre réserve bien d’autres surprises. Bien qu’édifiant, il tient en haleine. Il offre une très claire vision des aboutissants de la Franc-maçonnerie, soucieux qu’est Maurice Caillet d’éviter aux Catholiques, et finalement à tous les hommes de bonne volonté, l’écueil de ce mirage.

CB 

Vers l’achat du livre : éditions Salvator

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