Enfin nous abordons le dernier sens de notre série qui s’est arrêtée tour à tour ces dernières semaines sur le sens de l’honneur, le sens des priorités, le sens de l’Église et le sens de l’humour. Terminons comme promis par l’ultime maillon de la chaîne : le sens de l’éternité !
On connaît le mot de sainte Thérèse de Lisieux : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie ». Pour le véritable disciple du Christ, la mort doit apparaître en effet comme l’actualisation de son baptême : « mort avec le Christ » de manière sacramentelle par le baptême, le chrétien est appelé à mourir au péché : « Faites donc mourir vos membres, les membres de l’homme terrestre, la fornication, l’impureté, la luxure, toute mauvaise convoitise et la cupidité qui est une idolâtrie » (Col 3, 5).
Ce combat spirituel face aux défis de l’existence et la perspective de la mort sont autant d’occasions de nous configurer au Christ, mort et ressuscité pour le rachat de nos péchés. La mort, qui est la peine ultime du péché, est ainsi transformée en œuvre satisfactoire si elle est acceptée et vécue en union avec la mort du Christ. C’est alors que pour le chrétien qui possède le sens de l’éternité, la mort devient désirable, elle devient un bien : le jour de la mort devient le dies natalis. « Pour moi, certes, la Vie c’est le Christ et mourir représente un gain. » (Ph 1, 21)
Qui a l’ambition de nous apprendre à « bien mourir » ?
Ce n’est pas un hasard si le diable s’attache à nous disperser, à nous divertir de l’enjeu déterminant de notre destinée. Plus que jamais, l’un des drames du monde postmoderne réside en un fait terrible : l’occultation de la mort.
Les publicités, les réseaux sociaux, les émissions télévisées, les campagnes informatives du gouvernement, les coachs divers et variés abordent de très nombreux sujets : on nous apprend à manger des fruits et des légumes, à faire du sport, à bien dormir, à respecter la planète, à trier nos déchets… Mais qui a la véritable ambition de nous apprendre à vraiment « bien mourir » ? Qui, sinon l’Église, nous enseigne à nous préparer adroitement à la mort ?
La question du trépas, chevillée à l’âme de tout homme, finit toujours par le tarauder, le tourmenter. Aussi, à défaut de poser une réflexion religieuse sur le sujet de la destinée éternelle, les médias évoquent l’au-delà de façon détournée, hétérodoxe, en recourant à des artifices sensationnels : les fameuses émissions sur M6 ou RMC Story en deuxième partie de soirée… « Paranormal, normal », « Les voyants, est-ce qu’ils disent vrai ? », « Ils ont fait l’expérience de la mort et en sont sortis », …
Toutes ces émissions recourent à des titres accrocheurs pour doper l’audimat. Loin de répondre aux questions existentielles des hommes, ces pseudo-enquêtes cherchent à éveiller une curiosité morbide.
Attention et confiance
Autrefois, tous étaient pétris de l’idée de la mort, et ce dès le plus jeune âge. Trois générations partageaient le quotidien domestique sous le même toit. On veillait les morts, on observait les bêtes mourir. Pour tous et chacun, il ne faisait pas l’ombre d’un doute que non seulement notre vie se terminerait un jour mais aussi que cette vie terrestre représente la courte préface d’un livre n’ayant pas de dernière page.
Aujourd’hui, la mort est si occultée, qu’y penser apparaît suspect ou étrange, y être confronté dans son entourage engendre parfois des fragilités psychologiques que ne connaissaient pas nos anciens. La mort, devenue gênante, finit par tétaniser. « Cachez cette mort que je ne saurais voir… » L’idée de l’éternité de la vie dans l’au-delà ne préoccupe plus grand monde. Celle d’une rétribution/sanction/récompense en fonction de notre conduite ici-bas n’embarrasse pas plus.
Loin du registre du divertissement ou de la dédramatisation, ayons à cœur d’affiner notre conscience : le sens de l’éternité donne à l’angoisse métaphysique de « l’après mort » toute sa profondeur. L’amour consolateur de Dieu toute sa béatitude. Notre salut éternel ne saurait être considéré comme un acquis. Il ne suffit pas de s’inscrire… Notre éternité est un enjeu qui mérite toute notre attention. Et une confiance en Dieu totale. À nous de cultiver l’une et l’autre. L’Avent qui s’annonce ne peut que nous y encourager !
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