En Espagne, après l’investiture de Pedro Sánchez comme président du gouvernement et l’amnistie de nombreux militants séparatistes catalans, le directeur de l’agence Faro, Luis Infantes, nous éclaire sur la situation politique et sociale, et le chaos constitutionnel qui agite le pays.
La situation politique en Espagne est confuse, après l’investiture, au Congrès des députés, du président par intérim du gouvernement, Pedro Sánchez, qui obtient ainsi un nouveau mandat avec les voix du Parti socialiste et d’une apparemment grande variété de partis politiques, certains de gauche, d’autres séparatistes. Pour obtenir les voix des séparatistes catalans (en réalité anti-catalans), les socialistes de Sánchez ont accordé pratiquement tout ce qu’ils demandaient, y compris une large amnistie pour les crimes de sédition, économiques et de terrorisme commis par leurs dirigeants et militants. L’indignation face à ces crimes et à d’autres abus a conduit des centaines de milliers d’Espagnols à manifester dans les rues. Mais à l’exception de quelques-unes, ces protestations sont aussi vaines que contradictoires. Voyons.
Séparatisme et non indépendantisme
Le début de ce processus séparatiste est généralement fixé en 2017. Il faut le qualifier de séparatiste et non d’« indépendantiste », car il n’y a pas d’indépendance à récupérer, mais il s’agit plutôt de séparer des régions qui ont toujours fait partie de l’Espagne, qui y sont nées : la Catalogne est née au sein de la Couronne d’Aragon, sans avoir existé auparavant. En 2017, le directeur de L’Homme Nouveau, Philippe Maxence, m’avait interrogé sur ces événements. Dans une de mes réponses, j’avais souligné que cette situation avait ses racines dans la Constitution de 1978, qui favorise et encourage le séparatisme, et dans les Statuts d’Autonomie ultérieurs. Aussi, l’appel à la plupart des manifestations contre l’amnistie en cours a été lancé par les partis de la droite libérale, le Parti populaire et sa scission Vox, ou par des organisations de façade de ce dernier. Ces partis constitutionnalistes promeuvent l’idée – absolument fausse – que les actions juridiques du gouvernement sont inconstitutionnelles et que la Constitution susmentionnée est bonne et garantit l’unité du pays.
Une Espagne fragmentée
Des auteurs comme Juan Manuel de Prada ou Manuel Sanjuán ont récemment rappelé dans les journaux ABC et La Esperanza que le texte constitutionnel avait été rédigé de manière à permettre toute interprétation au goût de ceux qui contrôlent les…