Retour rapide sur le discours du Pape aux autorités politiques et au corps diplomatique lors de son récent voyage au Paraguay. C’est l’occasion de souigner le travail de l’Église dans ce pays, et notamment l’œuvre des jésuites pour défendre les indigènes.
Revenons encore sur le voyage du pape en Amérique Latine. Après l’Équateur et la Bolivie, le pape visita le Paraguay. Pour bien comprendre son discours aux autorités et au corps diplomatique que l’on va commenter, il nous faut commencer par faire un peu d’histoire, car, comme le souligne le pape dans ce discours, un peuple qui oublie son passé, son histoire et ses racines n’a pas d’avenir, c’est un peuple sec.
La mémoire est une des qualités primordiales de toute culture et de tout peuple qui veut rester fidèle à ses racines. C’est ce que Jean-Paul II développa dans Mémoire et identité, dernier livre du pape polonais et que l’on peut bien considérer comme son testament politique spirituel. On a là, sans oublier le riche enseignement de Léon XIII sur la question, toute la pensée de l’Église sur les relations entre Église et État qui sont développées dans ce discours. Et l’on comprend alors d’autant mieux, comme par voie de conséquence, pourquoi la question des racines chrétiennes de l’Europe demeure de la plus grande importance et qu’elle n’est pas du tout une simple question de nostalgie ou de racisme, voire d’intégrisme religieux, comme on le dit trop souvent. Le pape François n’en parle pas ici, mais il suffirait pour s’en convaincre de se rappeler ce que Jean-Paul II disait à l’UNESCO, en juin 1980 :
Je suis fils d’une nation qui a connu les plus grandes vicissitudes de l’histoire et que ses ennemis ont condamné à mort à plusieurs reprises, mais qui a survécu grâce à sa culture.
Et la culture polonaise, comme celle de l’Europe, ce sont précisément ses racines chrétiennes, comme le pape l’affirmait dans la suite de son discours.
L’œuvre des jésuites
Mais revenons au Paraguay et faisons donc un peu l’histoire de cette colonie espagnole d’Amérique Latine qui reste intrinsèquement attaché à l’évangélisation qu’y entreprirent les Pères jésuites. Ceux-ci, pour défendre les populations guarani, fondèrent, ce que l’histoire appelle les Réductions (reduciones), dont François de Vitoria, le créateur du droit des indigènes fut l’initiateur. Les jésuites y accomplirent une œuvre immense dans le domaine social, en permettant aux indiens de se civiliser et d’apprendre des métiers de tous genres, en même temps qu’ils se christianisaient, montrant par là qu’évangélisation et promotion humaine vont toujours de pair.
C’est d’ailleurs du Paraguay et du Brésil qu’allait partir véritablement la lutte contre la Compagnie de Jésus. Les esclavagistes maçons ne pardonnèrent jamais aux jésuites la réussite sociale et évangélisatrice, unique en son genre, que furent les Reduciones. Ce fut certainement l’une des raisons principales pour laquelle ils ne cessèrent de travailler insidieusement pour obtenir du Portugal et ensuite de l’Espagne et de la France la suppression de la Compagnie de Jésus.
Le deuxième enseignement de l’histoire concernant ce pays, c’est la guerre civile qui fit tant de ravages. À Ascension, le pape a profité de cette occasion pour relancer le fameux cri de Paul VI : Jamais plus la guerre ! Il a rappelé aussi les principes de la doctrine sociale de l’Église et surtout l’urgence de travailler pour le bien commun, ce qui implique une juste répartition des biens de la terre, car la terre est d’abord le domaine de Dieu.
Demandons à la Vierge de Caacupé, patronne du Paraguay, de comprendre tout cela et de savoir méditer, comme elle dans notre cœur, les enseignements de notre doux Christ de la terre, terme par lequel Ste Catherine de Sienne désignait le pape.