L’Exsultet est commun aux deux formes du rite romain. Cependant, dans la forme ordinaire, les mots en gras sont supprimés et, dans la version abrégée, les parties entre crochets peuvent être omises. Par ailleurs, dans les pays francophones, toujours dans la forme ordinaire, il est souvent remplacé par un chant qui s’en inspire : Exulte la terre.(Traduction extraite du Missel quotidien et vespéral, de dom Gaspar Lefebvre (1950).)
Exultez, maintenant, chœurs des Anges, dans les cieux; exultez, divins mystères ; et pour chanter la gloire d’un si grand Roi, sonne, trompette du salut. Réjouis-toi, terre, irradiée de telles clartés ; que l’univers entier tressaille du bonheur d’être sorti des ténèbres. Joie à toi, Mère Église, rayonnante de l’éclat de tant de lumière, et que ce temple retentisse de la grande voix des peuples. — [C’est pourquoi, frères très aimés, qui êtes ici les témoins du merveilleux rayonnement de cette lumière sacrée, invoquez ensemble, avec moi, la miséricorde du Dieu tout-puissant, pour que Celui qui, sans mérites de ma part, a daigné m’agréger au nombre des lévites, répande sur moi les clartés de sa lumière et fasse que je m’acquitte à souhait de la louange de ce cierge sacré. Par son Fils Jésus-Christ notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec lui en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R/. Ainsi soit-il.]
V/. Le Seigneur soit avec vous.
R/. Et avec votre esprit.
V/. Haut les cœurs!
R/. Nous les élevons vers le Seigneur.
V/. Rendons grâces au Seigneur notre Dieu.
R/. C’est digne et juste.
Il est vraiment digne et juste de louer le Dieu invisible, de faire servir nos voix à chanter du fond du cœur et de toute notre âme le Père tout-puissant et son Fils unique Jésus-Christ notre Seigneur, qui, soldant au Père pour nous la dette d’Adam, a répandu son sang précieux et annulé la condamnation méritée par l’antique péché. Voici, en effet, les fêtes de Pâques, où s’immole l’Agneau véritable dont le sang consacre les lèvres des croyants. Voici la nuit où jadis, tirant nos pères, les fils d’Israël, de la terre d’Égypte, vous leur avez fait passer la Mer Rouge à pied sec. C’est cette nuit qui a dissipé les ténèbres du péché par l’irradiation de la colonne de feu, et c’est elle qui aujourd’hui, par le monde entier, arrachant les fidèles du Christ aux vices du siècle et aux ténèbres du péché, les rend à la grâce et leur donne part à la sainteté. C’est la nuit, où brisant les liens du tombeau, le Christ est remonté, victorieux, du séjour des morts [; et rien, en effet, ne nous eût servi de naître si nous ne devions pas être rachetés]. O combien merveilleuse envers nous votre condescendante bonté! O inestimable dilection de votre charité: pour racheter l’esclave, vous avez livré le Fils! O péché d’Adam, vraiment nécessaire, que la mort du Christ a effacé! O heureuse faute, qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur! [O nuit vraiment bienheureuse, qui seule a connu le temps et l’heure où le Christ est ressuscité du séjour des morts!] C’est de cette nuit qu’il est écrit: « Et la nuit brillera comme le jour, elle s’illuminera pour éclairer mes joies » (Ps 138, 11.12). C’est donc ici la nuit dont la sainteté bannit les crimes, lave les fautes, rend l’innocence aux coupables et aux affligés la joie [; elle dissipe les haines, ramène la concorde et soumet à Dieu les empires].
En cette nuit sacrée, agréez donc, Père saint, la flamme du sacrifice du soir, que par les mains de ses ministres, la sainte Église vous offre, en l’oblation solennelle de ce cierge que le labeur des abeilles a préparé. [Nous connaissons maintenant les gloires de cette « colonne » qu’en l’honneur de Dieu une flamme éclatante va embraser.
Cette flamme, bien que partagée pour se multiplier, ne souffre aucune diminution à communiquer sa lumière, alimentée qu’elle est par les molles cires, que pour former ce précieux flambeau, la mère abeille a distillées.]
O nuit vraiment heureuse qui dépouilla les Égyptiens pour enrichir les Hébreux ! Nuit où le ciel se joint à la terre, le divin à l’humain. — Faites donc, ô Seigneur, que consacré à l’honneur de votre nom, ce cierge brûle sans trêve, toute la nuit durant, pour en dissiper les ténèbres, et qu’agréé comme un parfum d’agréable odeur, il soit admis à se mêler aux luminaires des cieux. Que l’Astre du matin le trouve brûlant encore à son lever; l’Astre, j’entends, qui ne connaît pas de couchant, Celui qui s’élevant du séjour des morts répand sur le genre humain sa radieuse clarté.
Et maintenant, Seigneur, daignez nous accorder des jours de paix, et en ces joies pascales nous conduire, nous gouverner et nous protéger, nous, vos serviteurs, tout le clergé et le peuple de vos fidèles, en union avec notre Saint Père le Pape N. et avec notre Évêque N. Par le même Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R/. Amen.