En 1978, Paul Sérant (à la ville, Paul Salleron) publiait un livre qui allait faire débat: Les Dissidents de l’Action française. En pleine ère soviétique, le titre renvoyait immanquablement aux rebelles en lutte contre le régime soviétique. De là, à penser que l’A.F. de Maurras avait un caractère pareillement totalitaire, il n’y avait qu’un pas que certains n’hésitèrent pas à franchir. Ce n’était pas la pensée de Sérant qui lui-même avait fréquenté à un moment cette école politique. L’intérêt de ce livre – intérêt qu’il n’a nullement perdu, même si la recherche historique s’est considérablement enrichie depuis –, c’est qu’il dresse un état des rapports de Maurras avec certains de ses disciples qui, à un moment et pour des raisons fort différentes, décidèrent de se séparer de lui. Mais même les catholiques Dimier, Maritain et Bernanos ne prirent pas congé de Maurras pour les mêmes raisons. Alors que dire de Valois, Brasillach, Maulnier et Claude Roy ?
En dressant leur portrait, en établissant leur parcours, Sérant parvient tout à la fois à raconter ces hommes et à ressusciter une période oubliée que la préface d’Olivier Dard resitue parfaitement. Des annexes et une bibliographie de Sérant complètent aussi cette nouvelle édition. Stéphen Vallet
Paul Sérant, Les Dissidents de l’Action française, Pierre-Guillaume de Roux, 420 p., 29€.