Réagissant à une série de violences graves caractéristiques de la société française contemporaine, Gabriel Attal tentait récemment, sous l’œil des caméras, de démontrer son autorité devant des jeunes promis à un séjour en internat. Un exercice qui n’a pas été couronné de succès. La notion claire de ce qu’est l’autorité permet de comprendre pourquoi.
Depuis quelques jours le Premier ministre sort les dents. Non pas de lait, mais l’on peut constater une tentative de sa part pour asseoir son autorité. Il faut dire que sa jeunesse, la défiance de l’ensemble de la classe politique mais aussi l’état de notre pays ne permettent pas d’incarner facilement celui qui doit gouverner. Aussi multiplie-t-il les communications allant dans ce sens, par exemple à l’occasion de l’ouverture d’un internat éducatif à Nice, accompagné par le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, et du maire de la ville Christian Estrosi. Lors du reportage, outre un sentiment de gêne qui semblait comme exsuder de l’écran et s’attacher à notre âme, nous avons éprouvé un étonnement croissant.
Un ministre en peine
Le Premier ministre faisait face à des jeunes déclarés « en difficulté », présents à l’internat pour y être éduqués, et pourtant il apparaissait que c’était Gabriel Attal qui était en peine. Les journalistes se sont empressés de déclarer qu’il « recherchait » son autorité. Nous supposons donc qu’il l’avait perdue et que cette perte était la cause du symptôme que nous avons cru déceler. Car nous avons vu que le premier ministre tentait d’imposer l’ordre avec une frêle mais frénétique agressivité. Questions courtes et lapidaires, coupant la parole, exigeant des réponses immédiates et des participations « spontanées », tout en jouant au « copain » et en essayant de faire le « jeune », bref une absurde pantomime d’un homme ignorant tout de l’autorité. Notre casquette de logicien sur la tête, il nous faut reprendre calmement ce qu’est cette notion. Il s’agit d’un terme d’origine romaine : auctoritas. Il désigne premièrement un « prestige intangible » [1]. Il faut le distinguer du pouvoir légal que vous avez (que les Romains appelaient la potestas) et du commandement militaire que l’on peut exercer ou subir (que l’on nommait imperium). Pour Gabriel Attal, sa potestas réside dans son poste de Premier…