Prêtre du diocèse de Nanterre, l’abbé Thibaud Guespereau a codirigé chez Artège l’ouvrage intitulé Les Sacrements en question, dans lequel il s’interroge sur le peu de fruits que semblent produire les sacrements. Une question grave qui selon lui devrait conduire à s’interroger sur la pastorale, l’enseignement des fins dernières et le rôle du prêtre.
Benoît XVI aimait dire que la mission de l’Église est de donner Dieu aux hommes. C’est particulièrement par les mains du prêtre que cela s’accomplit. Cette mission du prêtre peut être distinguée selon trois aspects. On parle des « tria munera », que le français traduit par « charges », mais en fait le mot munus signifie aussi « don ». Bref trois charges qui sont : enseigner, sanctifier, gouverner. C’est la grande distinction qui permet d’analyser la mission de l’Église en général et de chaque prêtre en particulier. Je voudrais souligner la cohérence de ces trois aspects dans cet article, à partir de la réflexion menée dans le livre Les Sacrements en question.
Pour des sacrements féconds
La problématique de notre livre n’est ni de savoir ce qu’est un sacrement ni d’en donner le plus possible. La problématique c’est qu’ils soient féconds. Nous postulons que c’est en réfléchissant non pas sur le sacrement lui-même mais sur la pastorale qui l’entoure que nous y parviendrons. Notre hypothèse est qu’il faut revenir au critère traditionnel d’être en état de grâce pour recevoir les sacrements, ou d’y être disposé par la pénitence pour le baptême et la confession qui confèrent cet état de grâce. Rappelons qu’un péché mortel est un péché en matière grave, (grosso modo contre les dix commandements) fait de façon consciente et libre. Il prive de la grâce ou « état de grâce » que le baptême donne. Mourir en état de péché mortel conduit à la damnation. Recevoir un sacrement c’est approcher du Seigneur. C’est pour cela que celui qui s’est coupé de lui par son péché doit d’abord se réconcilier par la confession. Cela nous amène surtout à réfléchir à la charge de gouvernement. Mais elle présuppose la charge d’enseignement, et bien sûr celle de sanctification. Voyons donc successivement ces trois aspects. La charge de sanctifier C’est particulièrement ici que le prêtre est irremplaçable. Sans prêtre pas d’autres sacrements que le baptême et le mariage. L’évêque n’a le privilège que de deux sacrements, la confirmation et l’ordre. Au quotidien le prêtre est donc l’homme des principaux sacrements. Nous avons traité…