Saint Thomas et la politique

Publié le 01 Juil 2024
Saint Thomas d'Aquin

Saint Thomas d'Aquin par Joseph Aubert, Basilique Saint-Étienne de Jérusalem.

La Bibliothèque politique et sociale | Lettre Reconstruire n°37 (juin 2024) 

Les ouvrages de saint Thomas d’Aquin fréquemment cités en politique sont la Somme théologique et le De Regno. Il ne faudrait pourtant pas réduire le souci politique de saint Thomas d’Aquin à ces deux œuvres. Il convient même de faire précéder leur lecture des« proèmes », des introductions à son œuvre.

  Généralement, quand on évoque saint Thomas d’Aquin, c’est à travers sa Somme théologique, monument qui a traversé les âges et qui reste le sommet en la matière. Plus court, mais fréquemment cité en politique, le De Regno est un opuscule qui porte sur le bon gouvernement chrétien. Il ne faudrait pourtant pas réduire le souci politique de saint Thomas d’Aquin à ces deux œuvres. Il convient même de faire précéder leur lecture des « proèmes » en la matière. Qu’est-ce qu’un « proème » ? Il s’agit d’une introduction qui indique la raison du traité qu’il inaugure et son but. Saint Thomas va plus loin. Dans ses « proèmes », il fait déjà œuvre de philosophe, en indiquant comment raisonner avec justesse dans la discipline abordée. Cherchant à saisir le réel dans sa complexité, saint Thomas entend se soumettre à sa diversité et à situer la meilleure façon de procéder. Deux « proèmes » s’offrent à ceux qui entendent réfléchir au mieux sur le plan social et politique. Le premier est celui qui introduit le Commentaire sur l’Éthique à Nicomaque d’Aristote. Dans ce texte, l’auteur rappelle les distinctions des sciences selon la fin poursuivie et s’intéresse essentiellement à la philosophie pratique (philosophie morale). Il y souligne que l’homme étant un être « naturellement social », la philosophie morale se divise en trois parties, dont la plus haute est la politique. Dans son Commentaire sur La Politique, il précise que la cité étant « ce qu’il y a de plus important de tout ce qui peut être organisé par la raison humaine », la politique est la principale des sciences pratiques. Plus encore, elle est « architectonique » et donne donc leur raison et leur fin aux autres sciences pratiques. Ces « proèmes » sont disponibles en traduction française. On les trouvera, par exemple, dans l’ouvrage Proèmes philosophiques (traduction et présentation de Jean-Baptiste Echivard, textes latin et français, Les Presses universitaires de l’IPC), dans le recueil Thomas d’Aquin, commentaires politiques (traduction et présentation par Michel Nodé-Langlois, Artège/Lethielleux) et dans Penser la politique (traduction et présentation par Michel Nodé-Langlois, Dalloz).  

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