Le Pape et la Curie étant traditionnellement en retraite la première semaine de carême, nous pouvons commenter le message musclé qu’il nous a donné pour ce saint temps. Partant de la phrase de Jésus dans l’Évangile selon saint Matthieu : « parce que l’iniquité abondera, la charité d’un grand nombre se refroidira », le Pape montre jusqu’où peut aller le péché contre la charité et les conséquences qu’il entraîne sur la société tout entière. On l’avait déjà vu du temps de Luther qui avait voulu supprimer les œuvres. Le résultat en fut des plus lamentables. Le désordre et la corruption des mœurs et pire le sang répandu au nom de Dieu pendant plus de deux siècles, non seulement en Allemagne avec la guerre des paysans et la ligue de Smalkade, mais encore dans l’Europe entière. Cela me fait penser à la phrase de Mère Teresa à propos de la tragédie du Heysel ou plus tard lors des massacres du Rwanda : une société qui est capable de tuer les enfants dans le sein de leur mère est capable ensuite des pires atrocités.
Pour nous aider à réchauffer en nous la charité, le Pape nous propose de regarder attentivement trois points. D’abord il met en garde contre les faux prophètes qui, comme de vrais charmeurs de serpents, séduisent par des plaisirs fugaces (la fameuse « fascination de la bagatelle ») qu’ils nous font confondre avec le vrai bonheur qui ne vient que de Dieu et qui se réalise dans la pratique des Béatitudes. Et pour ce faire ils utilisent l’argent, le dieu mammon contre lequel nous avait mis en garde Jésus. En vrais charlatans, ils offrent aussi des remèdes faciles et pourtant nuisibles comme la drogue ou les relations passagères extra mariage. Et on pourrait continuer avec tous les escrocs qui nous volent notre dignité et notre liberté. C’est pourquoi le Pape nous recommande de faire très attention à tous ces prophètes de mensonge et il nous invite à dépasser toute superficialité pour ne s’intéresser qu’à l’unique nécessaire.
En second lieu, partant de la description de l’Enfer où Dante imagine le diable sur un trône de glace parce qu’il a complètement étouffé l’amour, il nous avertit du danger de refroidir en nous la charité. Dénonçant à nouveau l’argent comme racine de tous nos maux, il nous invite à retrouver au contraire en ce temps quadragésimal le réconfort de la Parole de Dieu et des Sacrements, principalement ceux de la Pénitence et de l’Eucharistie. Vivre avec Dieu et non pour gagner de l’argent nous permettra de défendre les bonnes causes qui sont menacées par des intérêts financiers, spécialement la défense de l’enfant à naître ou du vieillard sur le point de rencontrer le Père.
Enfin pour répondre à la question « que faire ? », le Pape propose le remède traditionnel du jeûne, de la prière et de l’aumône, remède abandonné dans les années folles d’après le Concile et que Jean-Paul II remit à l’honneur. La prière qui est contact intime avec Dieu nous permet de renoncer à tous nos mensonges et hypocrisies ; l’aumône libère de toute vanité et aide à découvrir mon prochain comme un vrai frère ; le jeûne enfin nous rend doux et humble de cœur et nous fait compatir à tous ceux qui meurent de faim dans le monde et surtout il réveille notre faim et soif de Dieu, seul être nécessaire au monde. Poursuivons tous avec zèle, avec l’aide de Marie, ce chemin dans le désert qui nous conduira à la lumière de Pâques. Dans le désert on rencontre Dieu, mais on rencontre aussi le diable. Que l’Immaculée nous obtienne la victoire sur l’ennemi du genre humain, elle qui l’a vaincu par son humilité et son obéissance.