La « théorie du complot » a directement pour objet de soutenir, non pas qu’il y a des complots, mais qu’il y a des gens qui sont OBSÉDÉS par les complots. Indirectement, elle a pour objet d’établir qu’il ne s’agit QUE d’une obsession et de convaincre que, partant, il n’y a pas de complot.
La théorie du complot a donc pour objet de rendre le complot impensable, ou d’en rattacher l’idée au désordre mental.
Elle n’a cependant ni pour objet ni pour effet de le rendre irréel.
Tout au contraire. La théorie du complot offre au comploteur le meilleur instrument qui soit pour couvrir ses agissements puisque, précisément, ces derniers sont présumés impensables.
Là où un quidam dénonce un complot, il se peut qu’il se trompe, objectivement ; de fait, les obsédés de la chose existent, voire pullulent en certains domaines. Mais il se peut aussi qu’il ne se trompe pas. Cependant, s’il ne se trompe pas, alors chacun est publiquement tenu de considérer qu’il se trompe quand même, puisqu’en la matière l’affirmation d’un complot relève a priori d’un désordre fantasmagorique. L’affirmation du complot doit être tenue comme irrationnelle.
La théorie du complot est ainsi l’un des plus récents artifices que le totalitarisme rampant du monde moderne mette au service du mensonge par lequel il étend son règne.
Il n’est pas sans intérêt de relever que, comme tout totalitarisme, il en vienne assez naturellement à considérer que ses ennemis sont des malades mentaux. Il convient donc de les « soigner », et l’idéologie dominante s’y emploie.
L’heure viendra où l’État forcera les hommes d’êtres sains, comme le fou de Genève se proposait de les rendre libres.