Entretien avec Victor Aubert, président et fondateur de l’association Academia Christiana
Propos recueillis par Clémence Gidoin
Pour la troisième année consécutive, l’université d’été catholique Academia Christiana accueillera, au mois d’août, des jeunes désireux d’apprendre, de comprendre et de s’engager : pendant cette semaine de formation, ils s’interrogeront sur la problématique du capitalisme et de la société de consommation dans laquelle nous vivons. Philippe Maxence, rédacteur en chef de L’Homme Nouveau, viendra y faire une intervention.
Pourquoi avoir créé une université d’été ? N’y avait-il pas déjà de nombreux moyens de formation proposés aux jeunes ?
Effectivement il existe de nombreuses organisations, mais celles-ci proposent souvent des formations axées sur des points très précis (par exemple l’Islam). Je souhaitais lancer une université pensée par des jeunes pour des jeunes, et qui leur permette d’acquérir une vue d’ensemble, tant philosophique que politique et spirituelle. Bien sûr les cycles de formation ont toujours un ancrage dans l’actualité : la session de 2015 est centrée sur les enjeux du capitalisme. Je voulais également créer une structure fédératrice, en faisant particulièrement attention à la pédagogie, afin que notre discours soit compris par tous.
Quels sont les objectifs d’Academia Christiana ?
Notre but est que les participants acquièrent, en une ou deux sessions, une certaine forme d’esprit, qu’ils intègrent quelques grands principes philosophiques de manière à avoir une pensée structurée, à savoir analyser un problème. Ainsi ils pourront faire des choix en connaissance de cause. À terme, nous aimerions que certains s’engagent dans des projets concrets au-delà de l’université, pour qu’ils ne restent pas simplement des consommateurs. L’avantage d’Academia Christiana est qu’elle constitue un véritable réseau. Au terme des sessions, les jeunes passent chacun un entretien individuel, et nous essayons de les orienter vers un domaine, un parcours qui leur convient (la politique, l’enseignement,…) puis de les aider à construire leurs projets.
Qui sont vos principaux intervenants cette année ?
Ce sont surtout des séminaristes, des professeurs de philosophie, d’histoire du droit ; nous accueillerons cet été Charles Robin, un jeune philosophe, qui parlera du capitalisme et de la consommation, de l’hédonisme libertaire prôné tant par les socialistes que par les libéraux. Philippe Maxence interviendra traitera des alternatives au capitalisme. Nous aurons une intervention à propos de la critique chrétienne et écologique du capitalisme, et enfin, en « extra », une conférence sur mai 68.
Vous vous donnez comme finalité l’enseignement de la jeunesse : que manque-t-il à son éducation actuellement ?
Je pense qu’il lui manque une forme d’esprit, une manière de réfléchir reposant sur des principes philosophiques, ce qui comprend le sens du bien commun en politique. Nous voulons leur faire connaître leurs racines spirituelles et philosophiques, leur donner des repères, qu’ils s’approprient leur identité, afin qu’ils sachent où aller, et qu’ils puissent déterminer, concrètement, une action à mener au sein de la société. Academia Christiana veut renouveler aussi le courage politique, qu’il soit bien ordonné, qu’il ait une finalité, qu’il travaille à changer la société sans pertes temps et éparpillement, car notre objectif est de régénérer cette société dans son ensemble, et cela passe par la transmission, l’enseignement, l’investissement des médias,…
Quels sont les avantages de cette formule « l’éducation des jeunes par les jeunes » ?
Ce fonctionnement permet une véritable connexion entre les protagonistes : nous sommes en phase avec les besoins de la jeunesse, les besoins du temps, et nous avons un discours adapté à notre public. En plus de cela, cette université se veut, dans la forme, un événement convivial : le rythme est détendu et de nombreux loisirs sont proposés.
Comment envisagez-vous la prochaine session ?
Elle est encore en construction, nous voulons la consolider, en apportant des améliorations essentiellement qualitatives, car si nous dépassions les 150 participants la session serait ingérable. Nous aimerions que tous repartent en ayant retenu quelque chose, et, à terme, que 100 % des jeunes s’engagent d’une manière ou d’une autre. Nous pourrons éventuellement organiser des cycles plus réguliers, dans d’autres villes. Mais pour ce qui est de Paris, beaucoup de choses sont déjà organisées. Nous ne visons pas une expansion quantitative, puisque notre structure s’adresse à une cible particulière, des jeunes catholiques (non exclusivement bien sûr !), qui peuvent intégrer notre message.