Depuis les années quatre-vingt, l’association des « Journées paysannes » regroupe et soutient des agriculteurs de tous horizons, conscients de la nécessité de se former spirituellement et techniquement, de favoriser l’entraide et la réflexion dans un contexte de crises profondes. Entretien avec Emmanuelle François, présidente des « Journées paysannes ».
En quoi consiste votre mouvement, « Les Journées Paysannes » ?
Il consiste à retrouver le sens chrétien du travail de la terre. À l’origine de ce mouvement, il y a la rencontre entre un prêtre d’une paroisse rurale et un vigneron. Ils avaient tous les deux l’intuition de la spécificité du monde agricole, mais sentaient un hiatus entre leur intuition et la direction prise politiquement, et plus largement d’un point de vue civilisationnel. Le prêtre était d’origine citadine, et il posait sans cesse des questions. Le vigneron s’est finalement dit qu’il faudrait inviter des prêtres de paroisses rurales avec des paysans pour échanger, afin de mieux se comprendre mutuellement. Les paysans ont largement répondu à leur invitation, davantage que les prêtres. Ils ont tellement apprécié cette rencontre et tous leurs échanges qu’ils ont décidé de se réunir l’année suivante. « Les Journées paysannes » sont ainsi nées, et existent maintenant depuis plus de trente ans, réunissant plusieurs centaines de paysans. Chaque année, nous avons notre réunion sur deux jours avec l’objectif de se retrouver fraternellement, de prier et de réfléchir ensemble. Nous invitons nos intervenants à traiter d’un même thème selon des points de vue différents : agronomique, technique, philosophique, théologique et spirituel. Cette année, nous avons réfléchi sur le thème de la fécondité.
Avez-vous d’autres activités en dehors de ce colloque annuel ?
Nous organisons un pèlerinage tous les deux ans, et nous avons également des journées régionales dans différents coins de France. Nous publions une revue trimestrielle destinée à nos agriculteurs, mais également à tous ceux qui s’intéressent à la question agricole. Nous réalisons des études agronomiques, ce qui était assez innovant il y a trente ans. Des groupes de prière ont vu le jour et se réunissent une fois par mois. Nous encourageons aussi les Rogations. Nous essayons d’en organiser ou bien de participer à celles autour de chez nous. Notre mouvement est aussi un grand réseau d’amitié, il permet l’entraide dans les difficultés, la possibilité de partager les souffrances et de réfléchir ensemble aux solutions. Nous avons connu un véritable…