Veni Domine…
Nous sommes en présence d’une mélodie type du 3e mode qui sert à deux ou trois autres reprises au cours de l’année liturgique et sur des textes qui ont à chaque fois un certain caractère nuptial. Il y a, de fait, une certaine grâce virginale dans cette belle mélodie. Le 3e mode est le mode de l’alliance entre la joie extériorisée et l’intimité profonde de la relation avec Dieu. On va retrouver ces deux idées dans ces longues vocalises très légères de notre alléluia. L’alléluia débute sur le mi qui est la tonique du mode et va atteindre, au terme de l’intonation, le si naturel qui en est la dominante. La note longue initiale va servir de tremplin vers la suite. Le mouvement doit être léger et en crescendo. On va jusqu’au sommet, le ré aigu, qui méritera d’être bien épanoui et légèrement arrondi. On dépose ensuite doucement la syllabe finale de l’alléluia, puis on reprend du mouvement sur chacun des deux motifs mélodiques qui se répètent, le second étant plus fort que le premier. Ces deux motifs sont larges et puissants dans leur montée, puis détendus et plus doux dans leur descente.
Avec douceur
Ils forment deux belles courbes à la fois ardentes et gracieuses. La finale du jubilus se cantonne dans la quarte mi-la et s’achève dans une atmosphère plus contemplative, plus douce, plus recueillie. « Viens, Seigneur et ne tarde pas. Relâche les crimes de ton peuple » : telle est la prière ardente, pleine d’amour, du verset qui demande au Seigneur de « relâcher » nos crimes, c’est-à-dire de détendre le lien qui nous attache au péché. La venue du petit Enfant de Bethléem, qui contient toute la puissance infinie dans sa douceur de nourrisson, est bien une immense détente dans l’Histoire de l’humanité.