Penchons-nous sur cette mélodie qui nous établit dans la sérénité des pâturages de l’éternité. L’alléluia du bon Pasteur, depuis l’intonation, se déroule tout entier dans la quinte ré-la, c’est-à-dire qu’il se campe entre la tonique du premier mode, ré (*), et sa dominante la (*). Il n’outrepasse ces limites qu’une fois à l’aigu, sur le si bémol si expressif, si doux (*), et trois fois au grave, sur le do (*) qui apporte sa contribution de solidité (c’est la sous-tonique, une corde ferme et sûre). Et ce thème mélodique va se retrouver tout au long de la pièce qui est parfaitement unie au plan modal. Les cadences se posent tantôt sur la tonique ré (1), dans la paix et la certitude, et tantôt sur la dominante la (2), dans l’admiration et l’action de grâce pour un amour si manifeste et si tendre.
Le chant du Christ
Le premier mode est vraiment mis ici en pleine lumière : on est dans la joie profonde, dans la paix inaltérable, dans la douceur. C’est le chant du Christ (Je suis le bon Pasteur), mais mis en musique par l’Église-Épouse, et on sent presque une tendresse conjugale dans cette ligne mélodique.
Un tel chant ne doit pas être chanté trop fort. C’est doux, c’est aimable, pas mièvre bien sûr : le chant grégorien n’est jamais mièvre, il est toujours viril, net et clair. Le tempo doit être assez large. Un grand legato doit animer et joindre ces vocalises.
Comment ne pas être ému par une telle mélodie ?
Le Ciel descend sur la terre, la terre est soulevée jusqu’au Ciel. C’est l’échange admirable entre Dieu et les hommes, sous l’image pastorale, si reposante, du berger et de ses brebis, l’une des représentations les plus suggestives du Christ dans l’iconographie antique.