Ambassadeur homosexuel au Vatican : retour sur un conflit diplomatique

Publié le 10 Juin 2015
Ambassadeur homosexuel au Vatican : retour sur un conflit diplomatique L'Homme Nouveau

La candidature de l’ambassadeur de la France près le Saint-Siège, désigné par François Hollande et délibérément présenté comme homosexuel, n’a toujours pas été acceptée par le Pape. Alors que le secrétaire d’État du Vatican a rencontré François Hollande le 3 juin dernier, le conflit diplomatique qui oppose la France au Vatican semble au point mort.

La nomination d’un nouvel ambassadeur de France près le Saint-Siège agite l’opinion publique depuis cinq mois. Le 5 janvier dernier, le Président François Hollande désignait en Conseil des ministres Laurent Stefanini, actuellement chef du protocole à l’Élysée, pour succéder à Bruno Joubert à la Villa Bonaparte. La procédure habituelle exige une certaine discrétion quant à la nomination d’un diplomate et à sa vie personnelle. Pourtant, avant même d’avoir l’agrément du Vatican, l’Élysée rendait la chose publique affirmant que le diplomate était le candidat idéal, et faisait savoir, au passage, l’homosexualité du diplomate. Avant que le Vatican se prononce, Stefanini a rencontré en février dernier, de manière confidentielle, le nonce apostolique Luigi Ventura qui lui a demandé de retirer sa candidature, ce qu’il aurait refusé en arguant que cette nomination ne lui appartenait pas puisqu’elle venait des autorités françaises.

Comment a réagi le Vatican ?

Le Pape, après trois mois de silence, a finalement rencontré le diplomate le 18 avril dernier pendant 40 minutes, sans donner son agrément. La grande presse avait tôt fait de conclure à une « vengeance » du Pape, suite à la légalisation du « mariage » homosexuel en France en mai 2013, ou accusait le Souverain Pontife de refuser la nomination au seul motif que le candidat était homosexuel. Son refus, a-t-il expliqué, ne portait pas sur « la personne » mais sur les méthodes de l’Élysée, qui lui aurait « forcé la main ». Si l’homosexualité de Laurent Stefanini était véritablement en cause, l’affaire aurait éclaté des années plus tôt puisqu’il a été premier conseiller à l’ambassade de France près le Saint-Siège entre 2001 et 2005. En revanche, si la diplomatie tient dans l’art de communiquer et de conduire des négociations avec habilité et sans violence, le gouvernement français en a évidemment manqué en mettant en avant l’orientation sexuelle de son candidat dans une logique de provocation. Une démarche d’autant plus critiquable que le candidat en question est réputé pour ne pas faire étalage de sa vie privée et n’être pas militant de la cause homosexuelle… Dont il se trouve l’étendard malgré lui.

Une provocation

Était-ce afin que le Pape n’ait pas le choix d’accepter et de fait légitime d’une certaine façon la loi autorisant le « mariage » aux couples de même sexe ? L’affaire, pour l’instant, en est au point mort puisque ni le Pape François ni le Président français ne semblent avoir l’intention de revenir en arrière et François Hollande a affirmé à plusieurs reprises son soutien à Laurent Stefanini allant jusqu’à dire qu’il était prêt à laisser la Villa Bonaparte vide jusqu’à la fin de son quinquennat. Cette volonté de ne pas céder de la part du Président semble manifester la portée idéologique qu’il accorde à cette affaire ; les relations diplomatiques étant habituellement empreintes de compromis.

Un dénouement incertain

Le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, s’est rendu en France le 3 juin dernier pour y rencontrer François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls. Aucune information n’a été transmise à ce sujet à l’heure où nous écrivons, d’autant que le cardinal est resté très discret sur la nature des échanges avec les Autorités françaises, soulignant que l’entretien avait essentiellement porté sur la problématique des chrétiens d’Orient et celle de l’écologie. S’il semble évident que la question du diplomate n’a pas échappé à la conversation, le silence du Président, qui depuis janvier permet une grande médiatisation de cette affaire, demeure étonnant.
Le Pape avait annoncé en novembre dernier, sans en préciser la date, sa venue en France. La rumeur circulait que cette visite pourrait être annulée en raison du conflit diplomatique qui oppose le Vatican à la France mais le Souverain Pontife a démenti ses allégations le 6 juin dernier… Sans pour autant céder sur le cas Laurent Stefanini.

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