En Assemblée plénière début avril, les évêques de France ont élu le cardinal Aveline à la tête de leur Conférence, confié à Mgr Rougé la responsabilité de l’Enseignement catholique et nommé Guillaume Prévost à son secrétariat général. Une session de transition, entre continuité institutionnelle et signaux de réorientation.
Du 31 mars au 4 avril, les évêques de France (CEF) se sont réunis à Lourdes pour une Assemblée plénière marquée par un changement de gouvernance, une nouvelle organisation du Conseil permanent et quelques signes d’évolution dans la méthode. Le discours de clôture de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président sortant, à la tête de la CEF depuis 2019, a sonné comme une forme de testament. L’archevêque de Reims, qui a accepté de présider la Commission doctrinale pour un nouveau mandat, a reconnu avoir porté la lutte contre les abus comme une croix. Ses dernières paroles ont salué les efforts de structuration de la réponse institutionnelle, en particulier à destination des victimes majeures, désormais bénéficiaires d’un accompagnement spécifique.
Un certain profil de l’Église
Élu dès le premier tour avec 80 % des voix, le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, devient le nouveau président de la CEF. Né à Sidi Bel Abbès, fils de pieds-noirs rapatriés en 1962, il incarne un certain profil de l’Église, profondément marqué par l’orientation actuelle de Rome. Proche du pape François – il siège au Dicastère pour les Évêques et au Secrétariat du Synode –, le cardinal Aveline dit refuser les étiquettes. Il avait surpris en célébrant, au lendemain du motu proprio Traditionis Custodes, deux messes selon le Missel de 1962 dans son diocèse. Mais cette liberté liturgique ne saurait masquer d’autres accents. Lors des Rencontres méditerranéennes à Marseille, en septembre 2023, il avait participé, aux côtés du pape François, à une prière pour les migrants morts en mer, saluant alors publiquement l’action des secours humanitaires. Reste à voir comment le cardinal marseillais entend orienter la Conférence. À Rome, son nom circule parmi les papabili, mais la barrière de la langue italienne pourrait le freiner dans cette perspective. Aux côtés du cardinal Aveline, Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, a été reconduit comme vice-président. Ce dernier s’est récemment illustré par une série de déclarations à propos des fidèles attachés au rite traditionnel. Dans un entretien à La Nouvelle République, il évoquait le phénomène « traditionaliste » comme un « refuge dans l’entre-soi » pendant la crise…