Au quotidien n° 111 : théologien du schisme à venir ou déjà présent ?

Publié le 14 Déc 2020
Au quotidien n° 111 : théologien du schisme à venir ou déjà présent ? L'Homme Nouveau

Prêtre catholique, devenu prélat par décision de Benoît XVI, théologien et sociologue des religions, Mgr Tomáš Halík vient de publier une tribune dans La Croix (4 décembre 2020) dans laquelle il stigmatise les catholiques, théologiens et prélats « conservateurs » mais surtout remet en cause l’enseignement magistériel du passé, particulièrement celui de Pie IX. Mais si l’Église s’est trompée hier, ne se trompe-t-elle pas à nouveau aujourd’hui ? Entre Pie IX et Mgr Tomáš Halík,  à vrai dire, le choix est facile…

Ce Pape ne change pas les normes écrites, il ne détruit pas non plus les structures extérieures, mais il transforme la praxis et la vie. Il ne change pas l’Église de l’extérieur. Au contraire, il la transforme beaucoup plus profondément, spirituellement, de l’intérieur. Il la transforme par l’esprit de l’Évangile ; c’est une révolution de la miséricorde. Dans son cas, ces mots ne sont pas de simples phrases pieuses et creuses. Sa réforme a le moyen de changer l’Église et de la ramener au cœur du message de Jésus plus profondément que bien des réformes passées. (…) Comment vivre avec ce poids de l’histoire de l’Église, garder le respect de l’Église, sentire cum ecclesia, et la fidélité à l’Évangile et puiser la force dans la promesse de Dieu de nous donner un « avenir plein d’espérance » ?

Le Pape François ne change pas les dogmes et ne remet pas non plus en cause les sections des documents de l’Église qui représentent des « produits » ayant expiré il y a longtemps et qui sont maintenant toxiques et nocifs. De même, le Concile Vatican II n’a pas officiellement annulé, par exemple, les indéfendables imprécations de Pie IX concernant la liberté de conscience, de la presse et de la religion (le tristement célèbre Syllabus des erreurs). Vatican II a plutôt publié un document contraignant (la constitution « Joie et espoir » – « Gaudium et Spes ») qui a fait de ces valeurs, jusqu’alors rejetées par l’Église, une partie intégrante de son enseignement. (…) Pendant un demi-siècle, j’ai vécu un grand rêve : réunir tous ceux qui croient en Christ. Aujourd’hui, pour moi, ce rêve s’achève en fumée. Il y a des différences que je considère comme insurmontables, et ces différences ne sont pas entre les Églises mais plutôt à travers elles. (…) Il est certain que je ne vais pas quitter l’Église où je continuerai à rencontrer des personnes avec de telles opinions et convictions morales à la même table eucharistique. Je suis bien conscient que je suis moi aussi un être humain faillible et sujet à l’erreur. Néanmoins, je suis aux prises avec un doute de taille : n’est-il pas temps d’abandonner les poursuites de l’œcuménisme de « tous les chrétiens » et de se concentrer plutôt sur l’approfondissement d’un œcuménisme fécond (partage, synergie et enrichissement mutuel) entre personnes avisées, aussi bien croyantes que non croyantes ? Certes, nous récitons le même Notre Père et le même Credo. Cependant, je crains que nous vivions dans des univers parallèles inconciliables. La différence se trouve dans le «cœur» des gens.

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