Au quotidien n° 281 : Contre la politique du chéquier

Publié le 03 Nov 2021
Au quotidien n° 281 : Contre la politique du chéquier L'Homme Nouveau

C’est le titre d’une tribune libre publiée par Valeurs actuelles (28 octobre 2021) et signée par Christophe Boutin, professeur de droit. Dans son viseur ? Les aides de l’État dont le dernier avatar est le « chèque inflation ».

Comme d’habitude, la réponse du gouvernement face à la flambée des prix n’est pas l’augmentation des salaires ou la diminution des taxes mais l’instauration d’une nouvelle aide ciblée. Le “chèque inflation” a vu le jour après le “chèque énergie”, et tant d’autres aides de ce type existent qu’il est plus que temps de s’interroger sur les effets délétères de cette politique.

Elle est, d’abord, ouvertement électoraliste, et l’on appréciera l’aveu de Bruno Le Maire : « Un centime de baisse sur le litre de carburant représente un demi-milliard d’euros, donc c’est très coûteux pour un résultat que les Français ne verront pas. Il vaut mieux préférer l’option du chèque carburant. » On se crée ainsi une clientèle d’obligés.

Cette politique évite ensuite de se poser la question d’une réduction du gouffre des finances publiques autrement que par la pression fiscale, puisque l’on se refuse à baisser le taux des taxes. On préserve ainsi les revenus de l’État, mais aussi les marges des compagnies – le prix de vente restant le même. Mieux, certaines aides servent les entreprises autant que ces travailleurs que l’on aide à se rendre à leur poste. On libère ainsi une force de travail à moindre coût, transférant sur les contribuables le soin de financer l’indispensable complément à ce “juste salaire” qui n’est pas versé par l’employeur.

On parle pourtant de justice sociale : l’attribution des divers “chèques” dépendant souvent d’un plafond de ressources, les “ménages les plus modestes” peuvent ainsi se chauffer ou rouler. On s’en félicitera, mais en notant que l’augmentation du salaire desdites catégories pouvait permettre le même résultat. On préfère maintenir ainsi une catégorie toujours plus grande de la population dans un assistanat “guidé” : car ces aides, certes, augmentent le pouvoir d’achat, mais interdisent de choisir quoi faire de cet argent – c’est d’ailleurs aussi le cas pour les entreprises, avec le “chèque numérique”.

(…)

 Mais une pratique qui permet de mettre un système sous perfusion et des populations sous tutelle – les transformant en ce « troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger » que décrivait Tocqueville — n’est sans doute pas près d’être écartée.

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte
SociétéBioéthique

Fraternité et euthanasie : un débat sciemment faussé

Faisant droit aux revendications anciennes et répétées de certaines associations, le président Macron vient d’annoncer une loi sur l’euthanasie. Mais en usant d’un registre lexical détourné qui évoque l'« aide à mourir », l’autonomie de l’individu, les « conditions strictes » et la « fraternité »... Toutes expressions trahissent le sophisme, l’influence des officines francs-maçonnes, la solution miraculeuse aux déficits et surtout la crainte d’un vrai débat.

+

fraternité euthanasie
SociétéBioéthique

50 ans de résistance à l’avortement (3/3) : Combat contre l’avortement et transition postdémocratique

Question disputée | Combattre à temps et à contretemps en faveur de la vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle, est une urgence née des lois mortifères mises en place par un système politique qui, loin d'être neutre, a rompu dès ses origines avec les exigences de la loi naturelle. Dès lors, n'est-il pas nécessaire de finaliser ce combat particulier en l'insérant dans une perspective plus large ?

+

AdobeStock 417378513 loi sur la fin de vie