Au quotidien n°116 : quoi de neuf ? Bossuet !

Publié le 21 Déc 2020
Au quotidien n°116 : quoi de neuf ? Bossuet ! L'Homme Nouveau

Alors que les éditions des Belles-Lettres viennent de publier un volume d’Œuvres historiques, philosophiques et politiques, de Bossuet, le philosophe Robert Redeker souligne, dans le Figaro Magazine (18 décembre 2020) l’importance des écrits de théologie politique de l’Aigle de Meaux :

Notre époque clame haut et fort la dissociation de la politique et de la religion. Tel est l’article de foi qui fonde sa vision de la vie collective. Elle se persuade que le ­christianisme, en écartant César et Dieu, implique la laïcité. Elle cantonne le christianisme dans la vie privée, ces catacombes psychologiques, n’ayant de cesse de réduire sa présence dans la cité. Or, Bossuet nous rappelle notre origine, que nous occultons car nous l’estimons scandaleuse : le christianisme, spécialement le catholicisme, enveloppe une politique. Sa lecture nous ramène aux temps de l’ancienne France, où cet enveloppement de la politique dans le christianisme allait de soi.

Assimiler César, à qui il convient de rendre son dû, à toute forme de gouvernement, est aussi commode que faux. César renvoie à un pouvoir païen, étranger à la Bible. Ni les rois d’Israël ni ceux de la monarchie française ne correspondent à cette catégorie. Aux yeux de Bossuet, les rois de France prennent la succession des rois d’Israël. David et Salomon, rois parfaits, fournissent les moules dans lesquels les autres rois, en particulier Louis XIV, sont appelés à se glisser. « Nous avons donc établi par les ­Écritures que la royauté a ses origines dans la volonté divine même », dit-il. La royauté est le régime politique divin, originel et naturel de l’humanité. Les ancres de la royauté française sont jetées dans le Ciel. (…)

Cette Politique tirée de l’Écriture sainte brosse un portrait moral du prince. Il est tout à l’opposé du prince machiavélien, qui ne doit avoir aucune foi bien que jouant la comédie de Tartuffe. Pourtant ce livre pourrait aussi être titré Le Prince ! Mais si le prince machiavélien n’a d’autre justification que lui-même, ne s’autorisant que de son appétit de pouvoir, le prince de Bossuet est le délégué d’un Autre, Dieu, sur la terre – il doit donc s’oublier. Il n’y a place ni pour le cynisme ni pour l’immoralité, dans la politique de Bossuet. (…) Poussiéreux Bossuet ? Non ! Depuis le passé il nous parle du présent.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

La société et les familles (2/4) : La politique familiale en France depuis 1945

DOSSIER « Sans familles, pas de société ? » | Les prestations versées par l’État aux familles depuis 1945 pour compenser le coût de l’éducation des enfants, pour lutter contre la pauvreté ou pallier les situations sociales difficiles, ont beaucoup évolué en quatre-vingts ans, en particulier avec les conditions de ressources. Un tableau complet figure bien les changements sociaux et l’intérêt réel des politiques pour la famille en général.

+

famille prestations
À la uneSociété

La société et les familles (1/4) : La famille, un capital humain

Dossier « Sans familles, pas de société ? » | Cellule de base de la société, la famille est officiellement ignorée ou sous-estimée, ne comptant que comme consommatrice. Elle est pourtant le lieu où l’on prépare l’avenir, où se crée le « capital humain ». Un spécialiste rappelle sa vraie valeur dans le fonctionnement économique, auquel elle ne se réduit évidemment pas. Entretien avec Jean-Didier Lecaillon, auteur de La famille au cœur de l’économie.

+

famille société
À la uneSociétéÉducation

1er février : Salon de la Liberté Scolaire

Entretien | Le 1er février prochain, Paris accueillera la 5ᵉ édition du Salon de la Liberté Scolaire à l'espace Charenton (Paris XIIe), un événement clé pour les acteurs de l’éducation alternative en France. Michel Valadier, directeur de la Fondation pour l’École, revient sur les objectifs, les partenariats et les enjeux des écoles libres dites hors contrat.

+

instruction Salon de la Liberté Scolaire
À la uneSociété

Fondation Raoul Follereau : « Notre mission va bien au-delà du traitement médical »

Entretien | La Journée mondiale des malades de la lèpre, créée par Raoul Follereau en 1954, aura lieu cette année les 24, 25 et 26 janvier. Depuis 1968, la Fondation Raoul Follereau dépiste et traite les personnes atteints de la lèpre, et les accompagne dans leur réinsertion sociale et économique. Marie-Bénédicte Loze, directrice des Projets adjointe de la Fondation Raoul Follereau, a répondu à nos questions.

+

Fondation Raoul Follereau
SociétéBioéthique

50 ans de la loi Veil : L’avortement constitutionnel

La loi Veil puis la constitutionnalisation de 2024 ont inscrit l’avortement dans le droit français. Mais au prix de contradictions juridiques et de contorsions logiques qui ont  accéléré la course au gouffre avec la légalisation promise de l’euthanasie puis de la GPA. Retour sur une profanation fondatrice, celle de l’inviolabilité de la vie humaine.

+

avortement