Chaque matin, la rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une courte revue de presse, principalement axée sur la réflexion (sans dédaigner l’information pure). Nous ne cherchons pas d’abord à faire du clic, pour nourrir des statistiques et l’auto-satisfaction. Notre démarche est plus simple et repose sur une conviction presque simpliste : « demain se prépare aujourd’hui ». Dans ce sens, depuis des années, L’Homme Nouveau propose un regard différent, loin des clivages faciles dans le but d’offrir les outils conceptuels, les habitus de réflexion pour reconstruire une société humaine et chrétienne.
[ Il n’y aura pas de Revue de presse d’ici mardi de Pâques. Priorité à la vie liturgique et à la prière]
Chercheur l’Italien Tommaso Vitale évoque dans la revue Projet (avril) quelques formes de changement dans les comportements nées de l’épidémie.
Pour beaucoup d’individus, les trois contraintes proximité-relation-continuité ont inspiré des formes de présence urbaine sur les balcons, dans les immeubles, à travers des chansons, des jeux de groupe criés à distance (le loto), l’attention et la vigilance pour des voisins fragiles auparavant ignorés. Cependant, cette grammaire montre aussi ses limites alors que la présence physique met maintenant en danger la vie d’autrui. La solidarité active et critique basée sur la présence est en partie bouleversée : la forme la plus profonde de sollicitude est maintenant caractérisée par la distance entre les corps. Dans ma vie, j’ai vu, analysé et étudié de nombreuses formes d’actions représentées par deux mains se tenant l’une l’autre, ou deux personnes s’embrassant. Aujourd’hui, ces symboles sont devenus des comportements dangereux. (…) La solidarité réinterprète les habitudes en repensant les significations corporelles et physiques des dimensions de proximité, de relation et de continuité. Je vois que la voix et l’émotion deviennent plus importantes que le contact physique, l’étreinte et le câlin. La relation à l’autre se distingue profondément de la relation traditionnelle, où il était nécessaire d’être aux côtés des autres dans des situations difficiles, pas nécessairement pour faire entendre sa voix, pas nécessairement pour partager sa propre expérience et son émotion. On y allait pour y être et préfigurer, pour proposer et réaliser des alternatives (avec justice, solidarité, etc.). Il me semble aujourd’hui qu’une autre dynamique émerge en parallèle. La présence corporelle n’est plus une condition pour comprendre et faire des projets ensemble.
La revue Esprit (avril) s’intéresse aux oppositions internes au sein du Parti populaire européen (PPE), confronté aux exigences du premier ministre hongrois, Viktor Orbán. Un révélateur des tensions au sein de la droite européenne :
Dans le débat au sein du PPe, Orbán choisit de déplacer le curseur de la «?démocratie illibérale?» (discours de juillet?2014) vers la défense des «?vraies valeurs?» conservatrices. Face à Angela Merkel, adepte d’un pays Multikulti, et à une Cdu qui approuve le mariage gay, il est temps de se ressaisir autour des valeurs de la famille, de la nation et de l’Europe chrétienne. La recomposition de la droite doit préfigurer celle de l’Europe. (…) Dans un «?Mémorandum sur l’état du PPe?» adressé à sa direction à la mi-février 2020, le Fidesz (le parti de Viktor Orbán, ndlr) reprend et accentue ses griefs antérieurs. Au lieu de s’attaquer de front au libéralisme de gauche, le PPe serait devenu une «?coalition centriste qui glisse de la droite chrétienne vers la gauche?», ayant abandonné le combat contre le communisme et le marxisme. Surtout?: «?Nous avons abandonné le modèle familial fondé sur le mariage d’un homme et d’une femme pour succomber à l’idéologie du genre.?Au lieu d’avoir une politique nataliste on compte sur la migration de masse comme solution à nos problèmes démographiques.?» La conséquence, à en croire Orbán, serait que les différences entre partis de l’Est et de l’Ouest augmentent. Affirmation aussitôt contredite, pourtant, par le reproche adressé aux membres du PPe d’avoir élu Donald Tusk, ancien Premier ministre polonais de la Plateforme civique, à la tête du parti en novembre?2019. Autrement dit, le problème n’est pas une différence entre partis de l’Est et de l’Ouest, mais bien un problème politique posé à la droite européenne sur son positionnement idéologique, ses alliances, ses «?lignes rouges?» à ne pas franchir. Alors qu’Orbán venait de participer au rassemblement de la droite dure des «?nationalistes conservateurs?» à Rome, la Cdu de Merkel récusait catégoriquement en Thuringe toute alliance avec l’extrême droite. Longtemps perçu comme un pilier de la construction européenne sous influence franco-allemande, le PPe découvre en Europe centrale, avec le Hongrois Viktor Orbán, l’Autrichien Kurz et le polonais Donald Tusk, de quoi renouveler ses débats et tester ses choix politiques.
La farine, un nouvel or blanc ! C’est le constat du Parisien (3 avril) :
En cette période de confinement, la farine est devenue une denrée rare. Depuis plusieurs jours, il est bien difficile d’en trouver dans les rayons des supermarchés et autres points de vente. Dans un hyper Carrefour en Seine-et-Marne, une seule palette a été livrée en début de semaine alors que les rayons sont vides. Et sur le drive de cette même enseigne, pour une livraison à Paris, seules sept références sur 17 sont disponibles : la plupart des farines de blé (sauf une) ont disparu. Ne subsistent que les farines complètes ou bios, les plus haut de gamme… et les plus chères. (…) « La dynamique est extrêmement forte pour plusieurs raisons », explique Claire Madoré, directrice marketing et e-business des Grands moulins de Paris qui possèdent la marque Francine, leader du marché : « Non seulement les gens font des stocks, mais comme ils prennent désormais 100 % de leur repas à domicile, ils cuisinent plus, font davantage de gâteaux et des pâtes à tarte ou du pain ». Autant d’activités prisées en cette période de confinement, notamment lorsqu’on a des enfants.
La Revue de presse de L’Homme Nouveau ne se contente pas de proposer des informations éphémères, mais vous offre aussi de découvrir des réflexions. Elle est là pour nous inviter à réfléchir. En ce sens, elle ne perd (presque) rien de son actualité. Elle se lit et se relit.