Depuis le début de la crise liée au Covid-19, il a été beaucoup question de la dette publique qui s’est envolée. Mais celle des entreprises privées ? Selon L’Opinion (12 mai 2021), elle a franchi les 1 000 milliards d’euros.
En soi, la progression n’est pas énorme (+17 milliards contre +51 milliards fin 2019), mais les entreprises tricolores se distinguent depuis dix ans par un endettement toujours plus élevé, à l’inverse de leurs concurrentes européennes qui se sont désendettées depuis la dépression de 2008. Le volume de dette atteint en sortie de crise, cumulé à un niveau de prélèvements obligatoires toujours élevé, constitue un boulet financier qui risque de plomber la reprise pour certaines entreprises.
Un sujet sensible auquel Bercy travaille depuis des mois et sur lequel l’Observatoire du financement des entreprises (OFE) de la Banque de France, publie un rapport dont l’Opinion publie les conclusions en exclusivité. Avant la crise, 20 % des PME et 30 % des TPE étaient fragilisées à cause d’un endettement important, tandis que 9 % des premières et 20 % des secondes avaient des fonds propres négatifs.(…)
Désormais, ce n’est plus de dette dont les entreprises ont besoin, mais de fonds propres. L’investissement est l’un des deux moteurs de l’économie française avec la consommation. Il faut absolument éviter qu’il ne s’encrasse pas au moment de la reprise. Or, dans le baromètre trimestriel de Bpifrance Rexecode de février, 16 % des dirigeants de TPE et PME déclaraient que le recul de leurs fonds propres « constitue une contrainte forte pour aborder la phase de reprise et pour leurs éventuels projets de développement », alors même que plus d’un dirigeant sur deux (55 %) assure vouloir investir cette année. (…)
Justement, Bruno Le Maire a confirmé fin avril la constitution avec les assureurs d’un fonds de place doté d’une première levée de 11 milliards d’euros qui sera porté à 20 milliards en juin. L’Etat garantira les six premiers milliards de pertes. De 10 000 à 20 000 entreprises pourraient profiter de ces fonds, disponibles depuis le début du mois. Sous réserve d’acceptation de leur dossier, elles pourront bénéficier d’un prêt participatif sur huit ans avec un report de paiement sur les quatre premières années, le temps d’investir et de récupérer les revenus tirés de leur développement pour pouvoir ensuite rembourser ces quasi-fonds propres.
« Monde d’avant ». Mais attention : tout le monde n’y aura pas droit ! La Banque de France souligne l’importance de la sélectivité dans les dossiers. « L’efficacité macroéconomique repose en effet crucialement sur le fait de cibler des entreprises saines qui disposent de réelles perspectives de développement. A contrario, un apport de fonds propres serait peu efficace pour les entreprises qui étaient déjà fragilisées avant la crise ou celles dont la crise sanitaire affecte très durablement les perspectives. Pour ces entreprises, la solution consisterait plutôt en une restructuration rapide et ordonnée du passif voire, pour les plus compromises d’entre elles, en une liquidation qui doit permettre à l’ensemble des parties prenantes de rebondir. »