De plus en plus, les minorités idéologiques semblent donner le ton du possible et de l’interdit. Ce sont de nouveaux « gardes rouges » note Guillaume Roquette dans son éditorial du Figaro Magazine (14 mai 2021)
C’est un véritable cas d’école. En mars dernier, deux professeurs de Sciences Po Grenoble, taxés d’« islamophobie » et de « fascisme », sont cloués au pilori par un syndicat étudiant d’extrême gauche très influent dans l’établissement. Direction, corps enseignant, étudiants : tout le monde est tétanisé, et les deux malheureux doivent se défendre seuls contre ces accusations. Mais la médiatisation de l’affaire finit par déclencher un rapport de l’inspection de l’Éducation nationale. Et qu’y découvre-t-on ? Que les deux mis en cause, très appréciés pour leurs qualités professionnelles et humaines, ont le malheur d’être « les seuls professeurs de droite » de cet institut d’études politiques, où une petite coterie fait régner un climat de peur, diffamant quiconque ne partage pas leur idéologie.
Jamais les minorités agissantes n’ont aussi été influentes dans la société française. Très organisées, surfant sur toutes les fausses culpabilités à la mode, elles utilisent à la perfection les réseaux sociaux pour discréditer leurs adversaires. Et l’enseignement supérieur est loin d’être leur seul terrain de jeu : elles s’attaquent aussi bien aux professeurs qu’aux chasseurs, aux industriels qu’à la police ou à l’Église, sans parler des journalistes qui ne sont pas assez à gauche. Ces nouveaux gardes rouges, souvent protégés par l’anonymat, n’ont que faire de la vérité, de la discussion contradictoire ou de la présomption d’innocence, et ils peuvent bien souvent compter sur la passivité de leurs victimes, paralysées par des mises en cause infamantes (…)
Le poids réel de ces activistes est inversement proportionnel à leur nocivité. Ils sont certes très influents sur les réseaux sociaux mais ceux-ci ne reflètent heureusement pas la réalité de la société (gardons à l’esprit, par exemple, que seuls 8 % des Français vont quotidiennement sur Twitter, quand 69 % ne le consultent absolument jamais).