Pour la première fois, souligne Le Monde (14 mai 2021), la Marine Nationale et l’armée de terre ont participé à des manœuvres communes avec le Japon et les États-Unis dans le cadre d’une démonstration de puissance face à la Chine communiste.
Ces exercices commencés vendredi 14 mai témoignent d’une coopération militaire accrue de l’Archipel avec les nations européennes, en plus de celle, traditionnelle, avec les Etats-Unis, sur fond d’inquiétudes croissantes face à la montée en puissance de la Chine dans la région indo-pacifique. Pékin ne s’y est pas trompé, fustigeant ces exercices dans un éditorial du 13 mai du quotidien China Daily, voix du pouvoir, en parlant d’une « erreur potentiellement coûteuse si les Etats-Unis et leurs alliés évaluent mal la situation et pensent qu’ils peuvent utiliser la coercition pour forcer la Chine à renoncer à défendre ses intérêts fondamentaux ». (…)
Ces manœuvres inédites font partie de l’exercice ARC21, commencé le 11 mai à la base des FAD d’Ainoura, dans le département de Nagasaki (Sud-Ouest). Programmé jusqu’au 16 mai, il prévoit aussi des opérations navales en mer de Chine orientale, à vocation militaire et humanitaire, ainsi que de surveillance des activités de la Corée du Nord, dans le cadre de l’application des sanctions de l’ONU en réponse à ses programmes nucléaire et de développement de missiles. (…)
L’ARC21 a aussi une forte portée politique. Les manœuvres se tiennent non loin des Senkaku, îlots nippons en mer de Chine orientale, revendiqués par Pékin, qui les appelle « Diaoyu ». « L’exercice ARC21 est un moyen de dissuasion face au comportement de plus en plus agressif de la Chine dans la région », juge Takashi Kawakami, directeur de l’Institut d’études internationales de l’université Takushoku.
« La France est un partenaire qui partage avec le Japon la vision d’un Indo-Pacifique libre et ouvert », rappelle le ministre japonais de la défense, Nobuo Kishi. L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine française expliquait en novembre 2020, en prélude à l’ARC21, l’exercice véhicule « un message à la Chine », à savoir « l’importance de la liberté de navigation et du respect du droit international. Nous faisons front commun sur ce point avec nos partenaires que sont le Japon, les Etats-Unis, l’Australie et l’Inde ».