L’Homme Nouveau a consacré récemment un dossier au contrôle social. L’un des aspects – le plus évident, mais non le seul – concerne les smartphones afin d’orienter des comportements et des façons de penser. Ou de surveiller, selon un article de L’Express (27 mai).
L’information est passée inaperçue, mais elle a de quoi ravir les espions. La Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), saisie par le Premier ministre Jean Castex, a donné son autorisation pour augmenter le nombre d’Imsi-catchers utilisés par les barbouzes. Embarqué dans une valise ou transporté dans un véhicule, ce type d’appareil simule une antenne relais, sur laquelle viennent se connecter tous les téléphones mobiles alentour afin de capter des informations pour localiser un individu sans connaître le numéro de sa ligne, savoir avec qui il communique et accéder à ses échanges vocaux et écrits. Un outil déployé dans la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme.
Depuis six ans, le quota était fixé à 60 machines, réparties entre la sécurité intérieure (35), la défense (20) et les douanes (5). « Le contingent initialement proposé n’était pas suffisamment proportionné au regard des intérêts fondamentaux de la nation susceptibles d’être invoqués pour recourir à cette technique […] et de l’atteinte que celle-ci porte au droit au respect de la vie privée », note la CNCTR. Dès lors, leur nombre a été porté à 100, soit une hausse de 66 % ! (…)
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait déjà émis des réserves en 2015 sur cette technologie. Elles ont été rappelées par une délibération du mois d’avril dans laquelle l’autorité souligne que cette technique permet « de collecter, de manière indifférenciée, un volume potentiellement important de données, qui peuvent être relatives à des personnes tout à fait étrangères à la mission, y compris des personnes dont les correspondances sont protégées par la loi [NDLR : avocats, médecins, journalistes] ». Cette inquiétude porte également sur un dispositif de la future loi sur le renseignement prévu pour être expérimentée pendant quatre ans. Il s’agira cette fois de capter les correspondances transitant par voie satellitaire grâce à un outil dont les caractéristiques sont identiques à celles des Imsi-catchers.