Face à la montée des critiques du système, une partie de la gauche s’inquiète car elle se sent flouée de son bébé et dénonce, comme dans cet article de L’Humanité (1er juin) ce qu’elle nomme les dérives complotistes. Et elle en appelle à Marx !
Bill Gates, vaccins, 5G, nouvel ordre mondial… La crise sanitaire liée au Covid-19 a fait gonfler l’audience de certaines théories du complot et de contrevérités, de plus en plus difficiles à déconstruire, en raison notamment de la confusion scientifique et même politique qui continue d’accompagner l’épidémie. Des thèses qui se nourrissent d’indignations légitimes, de questionnements nécessaires autour des privations de liberté et d’une gestion autoritaire de la crise, parfois qualifiée de « dictature sanitaire », ou encore du poids de Big Pharma et des autres profiteurs de la crise. Le tout dans un contexte d’accroissement des inégalités sociales.
Mais à partir de ces constats, les conclusions hasardeuses, voire dangereuses, se sont multipliées ces derniers mois avec la vaccination massive et le passe sanitaire. (…)
Sur Facebook, dans des groupes « contre le passe sanitaire » ou « anti-masques », dont certains rassemblent jusqu’à 10 000 personnes, les conclusions conspirationnistes font florès : « Qu’auraient pu faire les Gafam et Big Pharma pour s’enrichir davantage en un an ? interroge un membre du groupe “Non à la dictature sanitaire”. Pour Google, Amazon et Apple, il fallait un confinement planétaire pour écraser la concurrence, Facebook profite du passe sanitaire pour récupérer nos données. Les gouvernements sont à leur botte alors ils acceptent. Et le vaccin va assurer à Big Pharma un avenir radieux. Tout a été calculé, mais est-ce qu’on a le droit de le dire ? » De leur côté, les médias – renommés « merdias » –, censés vérifier factuellement ces positions, sont automatiquement disqualifiés, en raison notamment de leur concentration entre quelques mains – ce qui là encore repose sur une dénonciation légitime : « À qui appartiennent les merdias ? (…)
Dès lors, il devient plus compliqué d’émettre une critique argumentée de ces mêmes médias dominants, du gouvernement, de la cupidité des grandes multinationales. (…)
Sur le vaccin et Big Pharma, il y a l’idée que tout ce qui vient de certains groupes est nécessairement mauvais. » « Le complotisme suggère qu’il suffirait de neutraliser une petite poignée d’individus malveillants pour se débarrasser de l’exploitation de l’homme par l’homme », ajoute Rudy Reichstadt, fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme. Ce qui s’oppose à la vision marxiste, matérialiste, s’attachant aux rapports de classes et de production, à la dynamique des profits, aux mécanismes impersonnels qui contraignent la vie des individus.