Une fois encore, le Président Macron a joué du « en même temps ». Après avoir demander pardon aux harkis, il a dénoncé vendredi 15 janvier les crimes commis par la République française lors de la manifestation du 17 octobre 1961, organisée à Paris par le FLN en guerre contre la France. La presse et les officines de gauche se sont employées à accentuer la culpabilité de la France, sans aucun rapport avec le contexte et sans le recul historique nécessaire. Le nombre de victimes notamment a fait l’enjeu d’enchères. Normalien, agrégé, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris-IV-Sorbonne et ancien directeur du département d’histoire de la Rue d’Ulm, Jean-Paul Brunet est l’auteur de Police contre FLN. Le drame du 17 octobre 1961 (Flammarion, 1999). Il a apporté des précisions dans un entretien accordé au Figaro (18 octobre 2021).
Les archives de la PJ, qui sont très abondantes et dont l’historien peut aisément opérer la critique, montrent qu’un grand nombre de décès des Français musulmans d’Algérie (FMA) n’ont aucun rapport avec la police parisienne. Certains sont ceux de harkis ou d’anciens harkis, de militants du Mouvement national algérien (fondé par Messali Hadj et rival du FLN, NDLR), d’Algériens considérés par le FLN comme des « traîtres », car refusant d’obéir à ses directives : anciens combattants de l’armée française, maris de métropolitaines refusant de rejoindre le FLN, Algériens refusant de payer l’« impôt révolutionnaire » exigé par le FLN, Algériens rétifs à la loi coranique (par exemple s’adonnant à la boisson ou faisant appel aux tribunaux français pour régler un litige).
Cette recrudescence de décès montrait que le FLN était en train de prendre en main la population algérienne de la région parisienne. Comme les activités des militants du FLN s’effectuaient essentiellement la nuit, l’instauration d’un quasi-couvre-feu parut indispensable au préfet Papon.
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La commission Mandelkern avait été chargée par le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement d’évaluer les archives de police concernant la répression du 17 octobre. Dans son rapport du 6 janvier 1998, elle concluait à l’existence de quelques dizaines de morts parmi les Nord-Africains, mais elle n’entrait pas dans les motifs de leur décès. Ayant été, peu après, le premier historien à pouvoir consulter ces archives, je suis arrivé, par une méthodologie différente, à des résultats analogues : le nombre d’Algériens dont on peut imputer la mort à la police parisienne s’élèverait à un chiffre oscillant entre une trentaine (le plus probable) et une cinquantaine. Cette évaluation tenait compte des « morts différées » (blessés décédés des suites de leurs blessures) et de la « violence collatérale » (morts dont la cause n’entrait pas dans le cadre de la répression des manifestations proprement dites des 17 et 18 octobre).
Certains auteurs et commentateurs avancent des chiffres d’une centaine, voire de plusieurs centaines de morts. Les uns comptabilisent en vrac tous les morts de septembre et d’octobre ; d’autres additionnent pêle-mêle tous les fichiers auxquels ils ont eu accès, sans étudier les causes de la mort des victimes. Ces évaluations extravagantes sont aux antipodes de la méthode historique. L’historien doit délaisser toute orientation idéologique et se livrer à un travail méticuleux et qui doit s’efforcer d’être honnête.
Pour aller plus loin : Notre dossier, Harkis : Honneur à ceux qui ont servi la France, L’Homme Nouveau du 9 octobre 2021 (4€).