Intéressant article dans Le Monde (28 octobre 2021) sur la place de l’orthographe et de la maîtrise du français dans les processus de recrutement en entreprise. Un récent sondage révèle des lacunes importantes.
Le baromètre Voltaire-Ipsos publié lundi 25 octobre, révèle que, pour 86 % des recruteurs, la maîtrise de l’expression écrite et orale et de l’orthographe est devenue fondamentale, car les fautes des salariés coûtent trop cher à l’entreprise.
« Soixante-seize pour cent des employeurs se trouvent confrontés quotidiennement aux lacunes de leurs équipes, avec des répercussions très importantes sur leur crédibilité et leur efficacité professionnelle et, par conséquent, sur la réputation, la productivité et même la performance financière des entreprises », fait valoir le baromètre Voltaire-Ipsos.
Le français est même devenu un critère de sélection prioritaire sur l’anglais. Quatre-vingts pour cent des recruteurs écartent les candidats ayant une mauvaise qualité d’expression écrite française, quand seuls 30 % rejettent ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare. Réalisé auprès de 2 500 décideurs (RH, recruteurs, manageurs), interrogés en deux vagues, en mai et en septembre, le baromètre Voltaire- Ipsos reflète les pratiques des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des petites et moyennes entreprises (PME) de plus de 50 salariés de tous les secteurs.
Les recruteurs ont toujours été attentifs au niveau de français. Mais, en 2021, l’évolution de carrière est menacée. « Pour plus de 80 % des employeurs, les fautes de grammaire ou de conjugaison sont rédhibitoires pour accorder une promotion »
Et pourtant, les fautes se multiplient dans tous les documents. , témoigne Emmanuel Dufour, responsable en recrutement de dirigeants chez Segalen & associés. « Le niveau a fortement baissé ces dernières années, même à la sortie des meilleures écoles. Plus on progresse dans l’entreprise, plus la représentation est importante, et donc la forme. Beaucoup de dirigeants écrivent d’ailleurs plus souvent en anglais, non tant pour un lectorat non francophone que pour éviter des fautes » L’enjeu pour les entreprises a été renforcé par l’essor du télétravail. « On demande de plus en plus de rapports écrits aux manageurs, aux commerciaux comme aux techniciens. Le besoin est prégnant sur la partie relations clients. Savoir être précis, concis, maîtriser des formats d’expression très courts, et le tout sans fautes, est devenu primordial », explique Mélanie Viénot, la présidente du Projet Voltaire. Entre le travail à distance et la numérisation des procédures, on écrit davantage et plus souvent. Pour preuve : 1,4 milliard d’e-mails sont envoyés chaque jour en France.
Ce qui pose un problème de management pour corriger la situation entre les salariés qui s’inquiètent de ce que l’employeur sait de leurs faiblesses et ceux qui ne se sentent pas concernés, car ils pensent avoir une bonne maîtrise du français. « Quand vous niez une lacune, on ne peut pas l’améliorer », remarque Angélique Terreaux, responsable du développement RH et des relations sociales du laboratoire Aguettant.
Prochaine parution de « Au quotidien », le mardi 2 novembre 2021.