Sur le site de Politique Magazine (5 décembre 2021), son éditorialiste, Philippe Mesnard, tire quelques leçons actuelles de l’anniversaire de la chute de l’URSS…
Il y a trente ans, l’URSS disparaissait. A-t-on tiré toutes les leçons et toutes les conséquences de cette chute ?
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Alors que le communisme avait étouffé les arts et les intelligences en tournant le dos à la fois aux cultures chrétiennes et antiques et aux explorations contemporaines, ne produisant qu’une pensée stéréotypée et des arts prétendument utiles, les dissidents ou, tout simplement, les populations, résistaient en allant s’abreuver aux sources interdites. La religion orthodoxe, moins critiquable qu’on a pu le dire, et les intellectuels, capables d’ignorer le régime (position qui peut être inspirante aujourd’hui), maintinrent le cap, la première ressuscitant, les seconds continuant à chercher à définir l’âme russe et laissant les ex-républiques faire fleurir leurs traditions.
C’est peut-être là que l’URSS s’assure une amère revanche posthume. Aujourd’hui, l’Occident lui-même bannit les vieilles sagesses. Le venin communiste a enfin dissous les structures intellectuelles de la sphère libérale. L’empire défunt triomphe en voyant les nations européennes forcées d’abandonner leurs identités, leurs frontières, leurs souverainetés, au profit d’une idéologie mondialiste progressiste qui a tout d’un nouveau totalitarisme. Elle aussi veut abolir le passé, conformer les esprits et ranger tous les hommes sous un seul et mondial empire, pour le grand bien de l’humanité. L’URSS est morte mais nous avons recueilli son legs.