Dans Valeurs actuelles (2 décembre 2021) une tribune libre de Guilhem Golfin qui s’interroge, à propos des discours des candidats aux élections présidentielles, sur le silence partagé entre tous sur les évolutions sociétales et la mise en place, à l’imitation des Chinois, du « crédit social ».
Parmi les paradoxes qui émaillent l’actualité, le moindre n’est pas le silence qui entoure dans une large mesure les évolutions sociales et politiques en cours et leurs causes, et ce, alors même qu’elles ont une traduction immédiate et des plus concrètes dans la vie des gens, du fait de l’instauration du laissez-passer “sanitaire” notamment, qui en est comme le symbole. Si une part de la population s’insurge contre, les détenteurs d’une autorité politique ou médiatique sont étonnamment discrets sur le problème, même quand ils fustigent par ailleurs le pouvoir en place.
Ainsi, tel, qui fait preuve de la plus grande perspicacité quant au danger que représentent l’islam conquérant et la faiblesse géopolitique de l’Europe, succombe à la fascination pour la gestion chinoise de la crise. Ce qui revient à cautionner, peut-être involontairement, le système du “crédit social” dont nous avons un avant-goût aujourd’hui et qui redessine singulièrement notre vie commune. Mais la défense de la liberté européenne peut-elle se satisfaire d’un abandon de la liberté sociale ? Tel autre, qui dénonce à raison, et avec grande verve et ténacité, le nouvel avatar américain du gauchisme qui entend, à son tour, faire table rase du passé, se tait sur la « grande réinitialisation » chère aux dirigeants du Forum économique mondial, comme s’il n’y avait pas là une convergence objective. Ou encore, tel dirigeant, qui affronte avec le plus grand courage le diktat de l’Europe et des mondialistes en matière d’immigration afin de défendre la culture et l’identité chrétiennes de son pays, applique par ailleurs la même politique sanitaire que ses adversaires. Celle-ci n’aurait-elle donc pas de place au sein d’une logique d’ensemble ?
Ce que les dirigeants du Forum économique mondial appellent pompeusement la « grande réinitialisation » , par vanité en même temps que pour impressionner les esprits, dessine pourtant, en effet, un programme de refonte radicale des sociétés que les puissances oligarchiques entendent mener à bien, et qu’elles mènent à bien depuis plusieurs décennies déjà, à travers le jeu des structures supraétatiques et des ONG, auxquelles se sont ajoutées les multinationales de la communication. Entre à l’évidence dans ce programme la gestion de flux migratoires intenses en direction de l’Occident, ainsi que les promeut le pacte de Marrakech. Mais également la défense des minorités, et la culture du mépris vis-à-vis du passé des patries qui inévitablement l’accompagne. Le but est la promotion d’un individu sans visage, délié de tout, et ainsi prêt à se soumettre aux nouvelles formes de contrôle social que rendraient nécessaires les périls du moment, et possibles l’Internet des objets et des corps. À ce titre, la crise épidémique que nous avons traversée a constitué une “fenêtre d’opportunité” tout à fait bienvenue pour promouvoir et accentuer le programme en question. Celui-ci ne peut plus désormais être ignoré.