La conquête tranquille, assurée, de la France par l’islam n’est plus un phantasme ou une thèse politique destinée à mobiliser un certain électorat. C’est une réalité, bien installée dans certains territoires français, comme le montre Valeurs actuelles (3 février 2022) sous le titre : « La conquête tranquille ».
C’est un peu le problème, lorsqu’on mobilise l’actualité avec des attentats occasionnant parfois des dizaines de victimes : quand cessent pour un temps ces tueries, il semble que le sujet lui-même disparaisse. Neuf mois ont passé depuis l’assassinat de Stéphanie Monfermé, un agent administratif, poignardée par un certain Jamel Gorchene dans son commissariat de Rambouillet. La France reprend son souffle. Chassé par cette interminable pandémie, absent d’un début de campagne présidentielle occupé par une droite dont il constitue pourtant un sujet naturel, l’islam semble avoir disparu du paysage. Non que les problèmes qu’il pose aient été le moins du monde réglés : simplement tout a été dit et redit. Tout a déjà été vu. C’est encore un sujet et ce n’est plus un sujet.
Ainsi du documentaire de Zone interdite diffusé le 23 janvier sur la chaîne M6. Intitulé Face au danger de l’islam radical, les réponses de l’État, il promenait le téléspectateur dans les rues de Roubaix (déjà le sujet d’un précédent reportage en 2015), pénétrant notamment en caméra cachée dans quelques boutiques de la rue de Lannoy, l’artère commerçante située en centre-ville, ou dans une école hors contrat.
Au-delà de l’ambiance générale de la ville, plutôt paisible mais fort peu “gauloise” (lire notre reportage page 26), un objet surtout a favorisé le preste retour de l’attention médiatique, parce qu’il était nouveau, parce qu’il était choquant : les poupées sans visage. Plus exactement des poupées au visage vide, sans traits distinctifs car, expliquait la vendeuse, « seul Allah crée ». Cette prescription coranique explique pourquoi, dans les villes conquises par les talibans ou les mercenaires de Dae’ch, les visages des statues étaient systématiquement pilonnés.
(…)
Que dire, maintenant, de ces poupées, et du reste ? Que c’était prévisible ? Que c’était même connu ? « Est-ce la mémoire collective qui fl anche ? Ou un besoin de se faire des frayeurs avec ce qui a déjà maintes fois été dénoncé, s’interrogeait ainsi Lydia Guirous, l’ancienne porte-parole des Républicains, dans une tribune du FigaroVox. La France, dans certains de ses quartiers, n’est qu’un vague souvenir. Cela ne date pas d’hier ni de l’année dernière, c’est le fruit de décennies de lâcheté, de déni et de clientélisme crasse qui confinent à la complicité. »
(…)
Accusé par l’extrême gauche d’avoir instrumentalisé le reportage de Zone interdite , dans lequel il intervient, pour préparer les esprits à sa « loi scélérate » sur le séparatisme, le ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant : « Je ne confonds pas l’immense majorité des musulmans de France qui vivent leur foi en respect total des valeurs de la République, mais on combat très fortement la minorité qui veut imposer sa loi », a-t-il ainsi précisé en marge d’un reportage à Arras. Fermeté et nuance : la clé d’une politique qui fonctionne ? Malheureusement la réalité est tout autre et le reportage de M6, comme l’ensemble des réactions qu’il a suscitées, montre que les responsables politiques n’ont pas encore compris ce qui se passe en France.
D’abord, contrairement à ce que semble croire le ministre, “l’immense majorité des musulmans” est au contraire en rupture culturelle profonde, non pas avec la République, qui les indiffère, mais avec la France. L’étude menée par Hakim El Karoui pour l’Institut Montaigne montrait en effet (sans doute à rebours de son intention première) que seuls 18 % des personnes interrogées (la catégorie 1) « ne formulent aucune revendication d’expression de l’islam dans la vie quotidienne » . La société leur convient. Le visage que leur présente la France leur convient. Logiquement, 82 % – un chiffre énorme – considèrent au contraire que quelque chose manque, qu’il y a un problème. Dès la catégorie 2, on trouve par exemple une volonté d’expression de la foi au travail – le premier pas. Au niveau des catégories 5 et 6, notons-le, on parle du niqab, de la charia, de la polygamie et, peut-être, la question n’a pas été posée, des poupées sans visage.
Ensuite la question n’est pas tellement de “vivre sa foi” dans la modestie du foyer ou de manière tellement visible qu’elle en deviendrait politique, donc répréhensible. La question est que cette foi irrigue une culture qui n’est pas la nôtre. « Dès qu’un fait ayant trait à l’islam apparaît, on le classe dans une des deux cases disponibles : la case religieuse ou la case politique , explique Frédéric Saint Clair, auteur de la Droite face à l’islam (Salvator, 2018). Tout ceci est erroné : il faut parler de fait culturel. Qu’est-ce qu’une poupée, sinon un objet de culture ? Comment fait-on pour interdire une poupée au motif qu’elle n’a pas de visage ? On ne fait pas, on ne peut pas faire. La poupée sans visage ne contrevient nullement aux lois de la République. »
En revanche elle choque notre regard, elle est contraire à la « civilité » française, comme disait Emmanuel Macron, et il faudrait l’inviter à la discrétion, voire la contraindre à l’invisibilité. Premier problème : pour dire qu’une culture est extérieure à la nôtre, il faut définir celle-ci. Or, « il n’y a pas de culture française » – Emmanuel Macron, encore. En réalité, elle est menacée par l’inexistence. Trop d’ouverture, trop d’effacement. La notion d’identité nous est devenue étrangère.
De son côté, L’Homme Nouveau a traité ce sujet à partir d’un autre angle : les musulmans convertis au catholicisme. À la présence massive de l’islam en France, et qui les menace le plus souvent dans leur existence, ils opposent une autre réponse : la foi catholique, la civilisation chrétienne et la fierté d’être français. On retrouve leurs témoignages dans notre dernier hors série. Il en reste quelques exemplaires (version papier ou version numérique)