Au quotidien-n°48

Publié le 22 Mai 2020
Au quotidien-n°48 L'Homme Nouveau

Sur le site de Synthèse nationale, Jean-François Touzé s’inquiète (20 mai) de la sidération qu’exerce Michel Onfray sur les milieux de la droite nationale. A peu près dans les mêmes termes, un constat identique pourrait être dressé pour certains milieux catholiques, en réaffirmant ici que notre foi est celle de l’Église catholique :

Le lancement par Michel Onfray d’une revue intitulée « Front populaire » agite depuis quelques jours le Landerneau de l’intelligentsia droitiste. Objectif affiché par le philosophe : « Fédérer les souverainistes de droite, de gauche et, surtout, d’ailleurs – à savoir ceux qui ne se reconnaissent pas dans le jeu politique bipolarisé, donc manichéen. Nous voulons contribuer au débat d’idées qui n’existe plus depuis des années. Nous souhaitons faire de telle sorte que des notions comme peuple, populaire, nation, souverainisme, protectionnisme ne soient pas des insultes mais des prétextes à débattre ». Air connu… Vieille lune… Brocanterie intellectuelle au « décrochez moi ça ». Chevènement s’y est essayé avec le succès que l’on sait tandis que mille cénacles souverainistes ou anti Système ont tenté d’explorer les ultimes remises de ces rêveries poussiéreuses. La notion même de souverainisme, conçue et voulue dans les années 1990 comme alternative à celle de nationalisme, est un leurre et un égarement. Tenter de la faire revivre aujourd’hui relève d’une action de traverse et d’une volonté de détournement servie par la confusion qui obscurcit depuis deux décennies notre camp politique. Le fait que Michel Onfray bénéficie depuis longtemps au sein de la Nouvelle droite d’un préjugé favorable en raison de ses prises de positions populistes ne saurait suffire à  reconnaître en lui un compagnon de route. (…) Rien de bon ne peut sortir de la confusion. Les raisons qui poussent l’ultra gauche à refuser le régime au nom d’un peuple fantasmé dans sa dimension uniquement citoyenne sans jamais renier son internationalisme, ne sont en rien comparables aux nôtres dont le ciment est la foi en une Nation historique et hiérarchisée, charnelle et spirituelle.

Le télétravai est-il le graal ? Sous l’otique féministe, Valerie Toranian se penche sur cette question et apporte des éléments de réflexion un peu plus universels dans la Revue des deux-mondes (mai 2020) :

Le télétravail, nouvel horizon du monde d’après, plébiscité à la fois par le patronat et par une bonne partie des salariés, est-il une aubaine pour les femmes ? 25 % des Français – soit environ 5 millions de personnes – ont travaillé à distance pendant le confinement selon le ministère du Travail, contre 7 % en 2017. Selon un sondage Deskeo, alors qu’ils étaient très réticents au télétravail au début du confinement, 62 % des actifs y seraient désormais favorables. (…) La crise du coronavirus fut la divine surprise. Même les plus réfractaires au dogme du monde d’après sont persuadés que s’il existe un bénéfice concret de la crise sanitaire, ce sera celui du télétravail, reconnu enfin à son juste mérite. 74 % des DRH anticipent son développement pérenne. Les patrons se frottent les mains. Les open space qui étaient l’alpha et l’oméga de l’entreprise moderne sont devenus d’encombrantes surfaces inutiles dont on va pouvoir se débarrasser pour réaliser des économies immobilières substantielles. Fini le temps perdu en réunions interminables, en palabres autour de la machine à café. (…) Que disent les femmes ? Pas tout à fait la même chose que les hommes. Une étude du site corona-work.fr s’est penchée sur l’adhésion des salariés au télétravail. À l’issue du déconfinement, 44,3 % voudraient télétravailler une fois de temps en temps, 14 % le plus possible, 1,7 % tous les jours. Seuls 14,5 % refuseraient le télétravail, mais ce chiffre monte à 20,6 % pour les 18-29 ans. Bien que cette génération soit 100 % « digital native », la perspective de rester confiné chez soi devant son ordinateur ne fait visiblement pas l’unanimité. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, ces jeunes seraient-ils d’indécrottables salariés du monde d’avant qui se lèvent enthousiastes le matin à l’idée de retrouver leurs collègues et la machine à café ? (…) Le télétravail doit rester partiel, l’espace « professionnel » à l’intérieur de l’habitation doit pouvoir être aménagé. Une pièce à soi. Pas la table de la cuisine. Et la garde d’enfants doit être assurée. Sinon, le monde d’après va furieusement ressembler à un rétropédalage.

Peut-on relocaliser l’économie ? La question est abordée par Armand Hatchuel, professeur à MinesParisTech/PSL Université, dans Le Monde (22 mai)

Il a fallu une pandémie sans précédent pour que l’organisation industrielle mondiale soit ouvertement contestée. D’où les appels, dans les pays riches, à la relocalisation des productions stratégiques ; et dans les pays en développement, à une plus grande indépendance industrielle. Mais une démondialisation de la production suscite souvent les mêmes objections. Dans les pays riches, où les compétences sont disponibles mais les salaires élevés, la relocalisation exigerait une forte automatisation de la production, créerait peu d’emplois et pourrait baisser le pouvoir d’achat. Dans les pays à bas coût de main-d’œuvre, l’indépendance industrielle se heurterait au manque de compétences et serait limitée à des productions à faible valeur ajoutée. Ces arguments oublient que, depuis le milieu du XIXe siècle, la tâche de la conception industrielle a souvent été de briser des doctrines économiques que l’on croyait universelles. Sans le travail des concepteurs, les révolutions industrielles n’existeraient pas et la Chine ne serait pas devenue l’atelier du monde. Car si la science et la variété des contextes nationaux rouvrent le champ des possibles pour l’activité productive, celui-ci reste largement inconnu. C’est le travail de conception qui découvre les solutions adaptées aux nouveaux défis et qui lève des barrières que l’on croyait définitives. Aujourd’hui, le défi des pays riches est de concevoir des relocalisations industrielles responsables et créatrices d’emploi. Celui des pays en développement est d’envisager des stratégies locales techniquement ambitieuses. (…) Aujourd’hui, la conception industrielle intègre de nombreux métiers, favorise des démarches participatives avec usagers et citoyens, et vise un développement social et durable. La relocalisation doit donc être envisagée comme un stimulus pour la conception de nouveaux écosystèmes industriels dans lesquels rentabilité, responsabilité sociale et soutenabilité font bon ménage.

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