Pandémie, mondialisation et monde rural, c’est le thème abordé par L’Actualité rurale (mai 2020) :
La première victime du virus a été le dogme de la mondialisation heureuse, tant vantée. Ou, si l’on veut, la nécessité d’instaurer un gouvernement mondial, pour résoudre un problème, soi-disant mondial. On a vu ce qu’il en était de la fourniture des équipements individuels de protection, dont la France manque toujours. Dans le domaine agricole, la fermeture des frontières a fragilisé, pour ne pas dire bloqué, certains approvisionnements, notamment, en farine de blé, pour le particulier. Un comble quand on sait que la France produit chaque année 37 millions de tonnes de blé et, la meunerie française 5 millions de tonnes de farine par an. Seulement, voilà : les petits emballages (500g et 1 kg), plus chers et plus complexes à produire que les emballages industriels de 25 kg, à destination des boulangers ou industriels, viennent d’Allemagne, parce que les grandes surfaces achètent cette farine moins chère qu’en origine France. Et, l’Allemagne a fermé ses frontières, réservant sa production à la consommation intérieure. Après quoi, lesdites grandes surfaces sont venues pleurer pour être approvisionnées. Les producteurs de lait ou les éleveurs de porcs, voient l’embellie des cours du lait et de la viande de porc du début de l’année s’évanouir, en raison de l’épidémie en Chine, où la demande en produits laitiers, conjuguée avec les conséquences de la peste porcine, avaient ouvert des débouchés prometteurs. Dans cette liste, il ne faut pas oublier le chantage que pratique, ouvertement ou non, la Chine, concernant la livraison de médicaments dont elle détient le quasi- monopole, pour certains, façon de faire taire toute velléité de critique ou de contestation à son égard. (…) De cet asservissement le monde rural a montré qu’il en était l’exacte antithèse, les solidarités de voisinage se manifestant spontanément, notamment, à travers tous les courants de commercialisation en circuits courts des produits agricoles. Malgré les interdictions des marchés de plein air, dont on se demande en quoi ils représentent plus de dangers que l’espace confiné d’un supermarché. Indépendamment de ce que cette interdiction a été assortie d’une recommandation de certains maires, sur instructions préfectorales, renvoyant, vers ces mêmes magasins, les producteurs ainsi privés de leurs débouchés habituels. On ne fait pas plus absurde ou cynique, c’est selon ! Et, la réaction ne s’est pas fait attendre, qui a conduit à mettre en place des méthodes de distributions locales, avec systèmes de paiements dématérialisés et, plate-forme virtuelle de mise en marché. Exacte antithèse aussi, car il a bien fallu créer une exception qui permette le maintien des activités agricoles, tant du côté des agriculteurs eux-mêmes, que des coopératives et des fournisseurs de l’agriculture, en général. Exception qui a suscité une pétition de « parisiens », scandalisés, demandant que les agriculteurs soient obligés de respecter le confinement. Malgré ces quelques exemples, chacun a pu constater que le Président de la République, visitant une exploitation, n’a pas hésité à fustiger les circuits courts. Probablement, parce qu’ils n’entrent pas dans sa vision d’un marché mondialisé !
En Suisse aussi, on vit très mal le confinement imposé aux cultes. En témoigne l’éditorial d’Oliver Delacrétaz dans le dernier numéro de La Nation (22 mai), publication de la Ligue vaudoise :
C’est à raison qu’on a imposé aux Suisses un confinement modéré, de façon à tenir compte de leurs besoins primordiaux, gagner leur vie autant que possible, manger, être soignés. C’est à raison encore qu’on a élargi les autorisations au besoin de se cultiver, de faire du sport, de sortir et de rencontrer du monde. Mais c’est à tort qu’on néglige les besoins religieux de la population. Qu’on ne nous réponde pas qu’on peut très bien pratiquer sa religion à la maison. L’Eglise, ecclesia, est une assemblée : le culte est par essence un acte communautaire, l’acte des fidèles communiant ensemble avec le Christ. Le culte personnel est un prolongement du culte de la communauté, non un remplacement. L’Eglise n’est pas là pour ses seuls membres. Elle intercède pour tous, pour les autorités, pour ceux qui travaillent, pour les pauvres et les malades, pour les absents. La cloche dominicale qu’entendent ces derniers leur rappelle que, même au fond de leur lit, ils ne sont pas absents des préoccupations des fidèles. Le ministère de l’Eglise participe du bien commun. Nous vivons ces temps-ci sous un régime d’exception. Cela nous prive de plusieurs libertés essentielles. Nous l’acceptons par souci de l’intérêt général, mais dans l’idée d’un retour aussi rapide que possible au régime ordinaire ; dans l’idée aussi que seules sont légitimes les restrictions indispensables. Avec ce que l’on sait de l’épidémie, l’interdiction des cultes n’en fait plus partie. D’ailleurs nous venons d’apprendre que dans la très laïque France, le Conseil d’Etat, haute cour administrative, vient d’intimer l’ordre au Gouvernement de lever l’interdiction absolue de réunion dans les lieux de culte .Les relations excellentes que l’Eglise entretient depuis si longtemps avec l’Etat de Vaud, le fait aussi que les questions religieuses relèvent de la compétence des cantons, font un devoir au Gouvernement vaudois d’intervenir dans ce sens auprès de la Confédération. Pentecôte est la manifestation par excellence de l’ouverture de l’Eglise chrétienne à toutes les nations. Qu’elle soit aussi, cette année, celle de la réouverture de nos églises à toute la population !
Vers un retour du jeu droite-gauche ? C’est l’analyse d’Éric Zemmour dans le dernier numéro du Figaro Magazine (22 mai) :
Ce ne sont pour l’instant que quelques clapotis politiciens qui s’agitent sur une mer démontée par une telle tempête qu’on n’y prête guère attention. Et pourtant. À gauche, des socialistes et des écologistes sont en quête d’union. Quête consubstantielle à la gauche, mais qui bute aujourd’hui sur l’obstacle Mélenchon. Au sein de la nébuleuse au pouvoir d’En Marche, une (grosse) poignée de députés font sécession. Ces élus, où on remarque les figures médiatiques d’Aurélien Taché ou de Delphine Batho, viennent tous du PS, mais ne veulent pas y revenir. On sent qu’ils ont envie de rejouer la partition des frondeurs qui avaient pourri le quinquennat de Hollande. Pas sûr qu’ils y parviennent. En attendant, ils pourraient priver le gouvernement de sa majorité absolue. Ils sont de gauche, comme on l’est depuis 1968, c’est-à-dire qu’ils sont écologistes et mondialistes, contre le nucléaire et contre la préférence nationale, contre les frontières et contre la laïcité. Bref, ils sont le contraire de la gauche républicaine d’origine. C’est pour cela, sans doute, qu’ils se prétendent de gauche. On retrouve le même phénomène à droite. Tous les observateurs ont constaté la remarquable discrétion de LR depuis le début de cette épidémie, une discrétion qui confine à l’insignifiance, à peine émaillée de sorties médiatiques des présidents de groupes à l’Assemblée et au Sénat. (…) Ce retour du vieux clivage droite-gauche pourrait altérer la fin du quinquennat de Macron qui, lui, ne cesse de se parer des habits trop grands du général de Gaulle, tapant un coup à droite (le retour de l’État et de la souveraineté), un coup à gauche (social et écologie). Pour l’instant, tout le monde est dans la posture et l’imitation. Macron comme ses adversaires sont dans le théâtre médiatique. Chacun aiguise ses (petits) couteaux sans que les électeurs se sentent concernés.
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