Au quotidien n°67

Publié le 16 Juin 2020
Au quotidien n°67 L'Homme Nouveau

Le quotidien Présent (16 juin) rend hommage à travers plusieurs articles à Jean Raspail, décédé le 13 juin et évoque notamment son célèbre roman, Le Camp des saints :

Mais c’est effectivement Le Camp des saints qui, en 1973, va faire passer l’écrivain de l’ombre à la lumière. Encore ce roman-là, à cette époque-là, semblait-il un ouvrage de pure fiction, une uchronie catastrophiste, comme il y en a tant. Nul n’imaginait qu’il deviendrait, progressivement, le roman d’une prise de conscience générationnelle, le roman de la fin d’un monde. En 1979, Le Retournement de Vladimir Volkoff jouera un peu le même rôle pour ce qui concerne la chute du communisme soviétique. Mais la vision de Volkoff avait été précédée d’innombrables travaux savants (Hélène Carrère d’Encausse, etc.) et des témoignages des dissidents. Ce qui n’était nullement le cas pour Raspail. Le bouche à oreille allait faire du Camp des saints, au fil du temps, « un livre important, plus qu’un roman ». Ce n’était pas le laborieux pensum d’un écrivaillon de groupuscule. C’était un roman puissant, visionnaire, écrit par un observateur crédible de notre planète, et spécialement sensible à la tragédie des civilisations qui disparaissent, comme en témoignait par exemple son livre Terres et peuples incas, paru en 1954. Le deuxième de tous ses livres. A cette date, Raspail n’avait publié que Terre de feu – Alaska (1952), coécrit avec Philippe Andrieu que l’on retrouver alors de l’expédition de cinq mille kilomètres à bord de deux canots entoilés, sur les traces de Marquette. (…) Tout est réédité, et tout sera réédité de Jean Raspail, alors que l’Académie française et plus encore le Goncourt ont accueilli des écrivains dont le nom même ne disait plus rien à personne, depuis des années, le jour de leur disparition. Dans sa préface à l’édition de 1985 du Camp des saints, Raspail écrivait : « Je n’ai pas de théorie, pas de système ni d’idéologie à proposer ou à défendre. Il me semble seulement qu’une unique alternative se présente à nous : apprendre le courage résigné d’être pauvre ou retrouver l’inflexible courage d’être riche. » Trente-cinq ans plus tard, la crise sanitaire nous annonce qu’il n’y a plus d’alternative, et la crise migratoire que les barbares sont dans la cité. Il reste la littérature, la prière, un verre de vin… le camp des saints, en somme.

Le même livre, mais avec un regard très différend, est évoqué aussi par Le Monde (13 juin) :

Hospitalisé au Centre de gérontologie Henry-Dunant, à Paris, ce catholique traditionaliste avait reçu vendredi les derniers sacrements. Il est mort « entouré des siens », a déclaré son fils Quentin à l’Agence France-Presse. Jean Raspail était hospitalisé depuis fin décembre 2019 et, en raison de l’épidémie de Covid-19, sa famille n’a pas pu le voir jusqu’à ces derniers jours. Admiré par les uns, décrié par les autres, l’écrivain, qui s’était autoproclamé consul général de Patagonie, se défendait d’être d’extrême droite, se définissant comme « royaliste », « homme libre, jamais inféodé à un parti ». Il reconnaissait cependant être « ultraréactionnaire », « attaché à l’identité et au terroir » et opposé au « métissage ». Auteur de plusieurs dizaines de livres, lauréat du Grand Prix du roman de l’Académie française (en 1981) pour Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, et du prix du livre Inter (en 1987) pour Qui se souvient des hommes…, il restera comme l’auteur du roman Le Camp des saints, ouvrage sans cesse réédité depuis sa parution en 1973. (…) « C’est un livre surprenant. Il a été long à écrire, mais il est venu tout seul. J’arrêtais le soir, je reprenais le lendemain matin sans savoir où j’allais. Il y a une inspiration dans ce livre qui est étrangère à moi-même. Je ne dis pas qu’elle est divine, mais étrange », confiait l’écrivain au Point en 2015.

Pour consulter nos précèdentes publications, voir :

Au quotidien n°66

Au quotidien n°65

A quotidien n°64

Au quotidien n°63

Au quotidien n°62

Au quotidien n°61

Au quotidien n°60

Au qutodien n°59

Au quotidien n°58

Au quotidien n°57

Au quotidien n°56

Au quotidien n°55

Au quotidien n°54

Au quotidien n°53 (du numéro 24 au numéro 53)

Au quotidien n°23 (du numéro 1 au n° 23)

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociété

Incendie dévastateur à l’église de Saint-Omer

Dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024, un incendie a ravagé l'église de l'Immaculée-Conception à Saint-Omer, entraînant l'effondrement de son clocher et des dégâts importants. Un suspect a été arrêté, soulevant des inquiétudes sur la protection du patrimoine religieux en France. 

+

incendie saint-omer
SociétéLectures

Itinéraire vers la vérité

Dans le roman d’une vie retracée, le père Jean-François Thomas guide son personnage principal de la douleur du veuvage à sa propre fin, en suivant un chemin héroïque vers l’abandon.

+

itinéraire vers la vérité
A la uneSociétéFin de vie

Rentrée parlementaire : loi sur la fin de vie, débats décisifs

Décryptage | La dissolution de l’Assemblée a stoppé net les travaux parlementaires et laissé en suspens nombre de projets et propositions de loi durant l’été. Mais la volonté de remettre la légalisation de l’euthanasie à l’ordre du jour est plus forte que jamais et le calendrier législatif promet un rapide retour du sujet, poussé par les associations et le sommet de l’État.

+

euthanasie fin de vie
A la uneSociété

La République universaliste contre la nation France

L'Essentiel de Thibaud Collin | Après la trêve festive et estivale des Jeux olympiques de Paris, revient la question de l’avenir politique de la France dans la situation de blocage née du résultat des élections législatives. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur ce que signifie la « République » dans le contexte de la modernité tardive.

+

république nation révolution