Au quotidien n°71

Publié le 20 Juin 2020
Au quotidien n°71 L'Homme Nouveau

L’ancien premier ministre socialiste, Manuel Vall, qui tente visiblement un retour en France, après une parenthèse en Espagne, répond aux questions de Valeurs actuelles (18 juin) sur les manifestations antiracistes :

D’abord, nous devons refuser cette logique détestable du comptage racial mais allons au cœur du sujet. Pour des raisons profondes liées à la crise sociale, politique, morale, nos corps intermédiaires se sont désagrégés. Dans les quartiers, l’effondrement du Parti communiste, la perte d’influence de l’Église, l’atomisation de la société se sont surajoutés à la dilution de la pensée universaliste de gauche. Les grandes associations de l’éducation populaire ou de défense des droits de l’homme ont perdu leurs militants ou se sont perdues : la Ligue de l’enseignement et la LDH ont ouvert leurs portes à Tariq Ramadan. On ne peut que constater l’échec de l’intégration politique prônée en 1983 par la “marche des Beurs” puis par SOS Racisme. Il n’y a aujourd’hui que la Licra qui tient encore bon. À l’inverse, progresse une logique de victimisation, attisée par les liens du mouvement indigéniste ou décolonial avec des politiques, des intellectuels, des journalistes. À Évry, j’avais parlé d’apartheid territorial, social et ethnique pour mieux combattre les inégalités et les disciminations. Et plutôt que de s’attaquer à cette réalité, ces mouvements cherchent à enrôler des jeunes désocialisés, les instrumentaliser pour créer le désordre. Cette logique de la victimisation est renforcée grâce aux liens entre le mouvement indigéniste et une partie de la gauche : le NPA, des écologistes, une frange de La France insoumise, du PC, voire une minorité du Parti socialiste. La lutte des classes disparaît au profit de l’affrontement, de la guerre entre “races”. Cette guerre est terrible, car elle essentialise en fonction de la couleur de peau. Elle s’agrège mais elle est aussi en concurrence avec l’islam politique. C’est un cocktail explosif. (…) Mais à partir du moment où les différences entre la gauche et la droite ne se font plus sur le terrain économique, budgétaire ou sur l’Europe, elles se font sur le terrain identitaire. Avec l’effondrement du mur de Berlin, la social-démocratie perdait son ennemi communiste et une partie de sa raison d’être. Puis elle a accepté la globalisation et subi la remise en cause de l’État providence. Dans le même temps, la gauche, à de très rares exceptions près, niait le surgissement de l’islamisme, la montée de l’antisémitisme, l’apparition du mouvement indigéniste ou décolonial dans les banlieues.

Le combat antiraciste est actuellement conduit par Assa Traoré. Mais qui se cache derrière elle ? Rivarol (17 juin) propose une réponse :

La sœur d’Adama Traoré (icône hexagonale des victimes noires des violences policières depuis 2016), la fameuse Assa Traoré avait harangué des manifestants en hurlant son projet menaçant : « On va prendre le terrain, on va pas laisser la place à tous ces fachos, ces racistes… Les gilets jaunes fachos, racistes ! On va reprendre le terrain ! » Assa, la chevelue, promet une déferlante de ses frères et de ses sœurs lors des prochaines manifestations populaires Gilets jaunes ou autres. C’est quoi, le projet ? Casser à tour de bras les blancs qu’Assa et son équipe jugeront fascistes, racistes, antisémites, conspis, homophobes ? Nous pouvons nous poser la question quand on connaît l’identité de l’intellectuel raté qui cornaque Madame Assa Traoré (qui ne doit pas savoir exactement avec qui elle traîne et avec qui elle a écrit un pauvre livre, Le Combat Adama en 2019). Il s’agit de Geoffroy de Lagasnerie, sociologue et philosophe auto-proclamés dont la plume nous ferait simplement rire si son encre n’avait pas l’odeur du sang. Geoffroy de Lagasnerie, sous ses traits d’homme fragile, se veut anarchiste radical et plus à gauche que la gauche même. Il est normalien, il a étudié Michel Foucault et Pierre Bourdieu. Plus à gauche, il veut qu’on le sache, il n’y a pas. C’est que le précieux tient à sa réputation entretenue par le magazine certainement ordurier mais loin d’être révolutionnaire Les Inrocks (dont le patron est tout de même l’ancien directeur général de la banque Lazard, ou quand la grosse banque choisit ses acteurs d’ultra- gauche.) qui le soutient depuis des années et, il faut le préciser, avant la mort d’Adama Traoré. (…) Si la sœur d’Adama Traoré, Assa, et ses amis et partisans, font leur l’idéologie fan- tasque de Lagasnerie, le combat pour la justice tel qu’il est précisément vendu par Traoré est factice, n’est qu’un prétexte pour relativiser encore un peu plus la différence entre le bien et le mal. Car pour Lagasnerie, qui se répand sur Twitter, parler de violences policières est un pléonasme, la police étant la violence même, le simple fait d’exister étant une violence : « Parce que la police repose par définition sur l’exercice de la contrainte, la notion de violence policière est dénuée de sens. Que voulons-nous dire lorsque nous parlons de violences policières ? En quoi faut-il lui substituer la notion d’ordre policier ? » « les pratiques des forces de l’ordre sont violentes par essence. » Le fait d’arrêter un individu, criminel, assassin, violeur, constitue une violence injustifiée. A ses yeux, Adama Traoré n’aurait jamais dû être arrêté par la gendarmerie, il n’aurait jamais dû aller en prison avant son ultime arrestation. Et il n’aurait jamais dû être re- cherché ou traqué par la police. Lagasnerie voit tout en fonction de cette grille de lec- ture qui postule l’illégitimité de la police.

Pour consulter nos précèdentes publications, voir :

Au quotidien n°70

Au quotidien n°69

Au quotidien n°68

Au quotidien n°67

Au quotidien n°66

Au quotidien n°65

A quotidien n°64

Au quotidien n°63

Au quotidien n°62

Au quotidien n°61

Au quotidien n°60

Au qutodien n°59

Au quotidien n°58

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Au quotidien n°55

Au quotidien n°54

Au quotidien n°53 (du numéro 24 au numéro 53)

Au quotidien n°23 (du numéro 1 au n°23)

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