Chaque matin, la rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une courte revue de presse, principalement axée sur la réflexion (sans dédaigner l’information pure). Nous ne cherchons pas d’abord à faire du clic, pour nourrir des statistiques et l’auto-satisfaction. Notre démarche est plus simple et repose sur une conviction presque simpliste : « demain se prépare aujourd’hui ». Dans ce sens, depuis des années, L’Homme Nouveau propose un regard différent, loin des clivages faciles dans le but d’offrir les outils conceptuels, les habitus de réflexion pour reconstruire une société humaine et chrétienne. cette Revue de presse ne se contente pas de proposer des informations éphémères, mais vous offre aussi de découvrir des réflexions. Elle est là pour nous inviter à réfléchir. Elle ne perd donc (presque) rien de son actualité. Elle se lit et se relit.
Fait de société : après l’illettrisme, ou plutôt à côté de l’illettrisme, apparaît désormais ce que les observateurs appellent l’illectronisme rapporte le Figaro (22 juin) :
Qu’aurait été le confinement sans les outils numériques? Sans télétravail pour les uns, sans école à distance pour les autres? Ou sans les visioconférences pour continuer à voir ses proches? Pourtant, 13 millions de Français n’ont pas accès au numérique, selon le secrétariat d’État au Numérique, ou tout du moins ne disposent pas des savoirs de base fondamentaux pour se débrouiller aisément avec un ordinateur ou un smartphone. «Le sujet de l’accès au numérique est apparu de manière très forte dans le cadre du grand débat et de manière quasiment systématique. Il fait écho à la fermeture des services publics, remplacés par des services en ligne», explique Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique. Au quotidien, les démarches administratives les plus courantes échappent à cette population, qu’il s’agisse de l’inscription d’un enfant à la cantine, de la recherche d’un emploi, de demandes d’aide ou tout simplement d’obtenir un justificatif de domicile. L’accès au numérique ouvre la porte de l’éducation, de l’emploi, de l’information. (…) Or, face à l’illectronisme, également appelé illettrisme électronique, Cédric O prône une «réflexion holistique portant sur trois thématiques: la connexion, l’équipement et la formation. Si l’on considère que le numérique est devenu un bien essentiel, alors il faut réfléchir sur les politiques publiques autour de cela». En 2019, le gouvernement a mis en place le passe numérique, des chèques formations dédiés aux personnes les moins à l’aise avec le numérique. Après avoir été expérimenté dans 40 départements l’année dernière, il a été étendu à tout le territoire début 2020, avec une dotation portée de 15 à 30 millions d’euros.
Le retour à la terre ? Une nécessité pour l’autosuffisance alimentaire de la France, comme l’a montré la crise du Covid-19. Reste que pour les nouveaux agriculteurs, comme l’explique Marianne (19 juin), rien n’est simple :
Achat de terres, de matériel, de bâtiments, mise aux normes, reprise de cheptels… S’installer comme agriculteur chiffre rapidement et fait le bonheur des établissements de crédit. L’affaire se corse encore un peu plus quand on n’est pas soi-même issu d’une famille de paysans. Exit, donc, le fantasme de l’urbain salarié en quête de sens qui, sur un coup de tête, quitte tout pour guider ses moutons jusqu’aux alpages. Le retour à la terre passe par des démarches et des formalités on ne peut plus complexes. Et c’est un tort, diront ceux qui ont pris conscience – avec le coronavirus plus que jamais -de la nécessité, pour un pays comme la France, de pouvoir nourrir ses habitants. Mais retour à cet endettement originel qui conduit à une spirale de conséquences faciles à comprendre : le jeune agriculteur n’a pas d’autre choix que celui d’augmenter sa production afin de dégager des bénéfices qui iront au remboursement de l’emprunt. Et qui dit augmentation de production dit aussi augmentation de la SAU, acronyme de l’administration et de la comptabilité agricoles pour « surface agricole utile ». Là encore, mieux vaut être l’enfant du pays pour avoir accès à l’information relative aux terres mises en vente. Pas d’agences ni de petites annonces, dans la plupart des cas, c’est le bouche-à-oreille qui fait se rencontrer vendeurs et acheteurs. Un coup dur supplémentaire pour le néopaysan qui, parfois, doit déjà affronter la défiance des locaux. (…) Dans notre pays, 200 fermes disparaissent par semaine, faute de repreneur. En vingt ans, le nombre d’exploitations a diminué de moitié pour atteindre 515 000 en 2017. Les hectares perdus agrandissent les fermes voisines ou se transforment en zone urbanisée et le prix des terres flambe sous le coup de la spéculation. Un hectare coûte désormais en moyenne 5 990 €. Il y a vingt ans, il était moitié moins cher. Les propriétaires préfèrent vendre leurs terres quand elles sont déclarées constructibles que les louer en fermage pour l’agriculture. Dans le Voironnais, pays isérois au pied du massif de la Chartreuse, entre Chambéry, Lyon et Grenoble, un hectare à la location à des fins agricoles revient à 130 € par an, là où sa valeur peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros pour la construction. Sans compter le phénomène qui consiste à garder des terres inexploitées en attendant qu’elles deviennent constructibles afin de toucher le gros lot. (…) Si les milieux militants prophétisent que le retour à une paysannerie avec des exploitations à taille humaine et une responsabilité écologique sera l’agriculture de demain, la réalité est tout autre, surtout dans les administrations concernées. La très grande majorité des chambres d’agriculture sont pilotées par la FNSEA, le syndicat majoritaire en France, défenseur historique de l’agriculture intensive. Aussi, de nombreux porteurs de projet décident de se passer des aides à l’installation qui sont conditionnées à un plan de développement pour l’exploitation – ce qui limite la liberté des paysans.
Pour consulter nos précèdentes publications, voir :
Au quotidien n°53 (du numéro 24 au numéro 53)
Au quotidien n°23 (du numéro 1 au n°23)