Cette pièce illustre à sa manière la réalité des carrefours de la vie, là où pour avancer vers un avenir il faut prendre la juste mesure du poids de nos actes, volontaires ou involontaires. On ne se débarrasse pas du poids de son passé. On l’assume ou on ne l’assume pas, mais il est toujours présent.
C’est pour tenter d’assumer le poids pesant de son passé que Claire, après douze ans d’absence, retrouve le chemin des Tilleuls, ce bar tenu par son père Jean et habité par sa sœur Marie et son frère Julien. Dans cette unité de lieu où toute la pièce est concentrée, les protagonistes vont écrire des pages à l’envers à partir de l’évènement tragique se dévoilant peu à peu de la mort de celle qui manque pour renouer l’unité familiale, la mère. Un acte, une euthanasie, a figé le temps de cette famille, bloqué, interdit même la possibilité du bonheur merveilleusement évoqué par petites touches successives par l’évocation de l’avant, du temps de l’enfance.
Ni pour ni contre l’euthanasie
La pièce n’est en aucune façon un plaidoyer pour l’euthanasie qu’elle ne condamne pas non plus formellement. Elle met en lumière le fait que la mort ne peut pas être le dernier mot de la vie si l’amour en est victorieux. Mais ce n’est pas à proprement parler une pièce sur le pardon. Il s’agit plutôt de mettre en lumière la nécessité de dire la vérité, de sortir de l’enfermement des non-dits qui étouffent, asphyxient les relations de cette famille, viscéralement solidaire dans le bien comme dans le mal des actes de chacun de ses membres. Pour sa première pièce d’auteur, Christelle George a réussi le défi de capter les spectateurs sur un thème grave, bien servi en ce sens par une très fine mise en scène de Michel Voletti. Le jeu des jeunes comédiens est intense.
Théâtre Ranelagh, 5, rue des Vignes, Paris XVIe, du mercredi au samedi : 19 h, dimanche : 15 h (relâche le 1er novembre). Rés. : 01 42 88 64 44.