Le résultat des élections européennes et la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron ouvrent la perspective de scénarios politiques inquiétants dans un contexte déjà très tendu : élection présidentielle anticipée, chaos social, graves difficultés financières, promesse d’émeutes, pays ingouvernable ? Un tableau sombre auquel ne manque pas la possibilité de retournements imprévisibles.
Le désastre électoral essuyé par la majorité présidentielle lors des élections européennes du 9 juin dernier a aggravé la crise politique que traverse notre pays depuis plusieurs années, menaçant d’engendrer une véritable crise de régime. Le succès remporté par la liste du Rassemblement national est d’abord le témoignage du mécontentement éprouvé contre Emmanuel Macron et son équipe, mécontentement sédimenté depuis sept ans. En votant « Bardella », les électeurs ont d’abord voté contre Macron. Depuis 2017, ce dernier a jugé habile de promouvoir Marine Le Pen comme opposante principale afin de rendre plus aisée sa réélection et le maintien au pouvoir de son équipe. Aujourd’hui, il récolte le fruit de ce qu’il a semé. En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, le chef de l’État entraîne la nation dans l’inconnu.
Quelle majorité ?
Première inconnue : si le RN se voit promettre une nouvelle victoire lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, victoire qui lui permettrait de conquérir de nombreuses circonscriptions, il est loin d’être certain qu’il obtienne la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale. Celle-ci se jouera probablement de peu, quelques dizaines ou centaines de voix dans plusieurs dizaines de circonscriptions. À cet égard, l’alliance conclue par le RN avec Marion Maréchal et Éric Ciotti témoigne du souci de Jordan Bardella de mettre toutes les chances de son côté. Reste que l’absence d’accord avec Reconquête pourrait dans certaines circonscriptions lui coûter des voix décisives. De l’autre côté de l’échiquier, l’union hétéroclite du Nouveau Front Populaire tente d’escamoter ses divisions réelles en mobilisant le ban et l’arrière-ban de la gauche contre la menace fantasmagorique de « l’extrême droite ». Tranchons le mot, il est fort possible qu’il n’y ait pas, à l’Assemblée, de majorité le 7 juillet et que la France sorte de ces élections encore plus difficilement gouvernable.
Une cohabitation ?
Deuxième inconnue : dans l’hypothèse où le RN remporterait la majorité absolue, ou peu s’en faut, le 7 juillet prochain, quelle sera l’attitude de Macron ? Acceptera-t-il de s’imposer une cohabitation pénible que ne viendrait pas consoler la perspective d’une réélection en 2027, comme ce…