Fra Angelico, parmi ses nombreuses œuvres, a traité de la Nativité au couvent San Marco à Florence. Auteur des fresques ornant chaque cellule de ses frères dominicains, le peintre, béatifié par Jean-Paul II, y déploie son génie mystique et sa spiritualité.
Guido di Pietro, Jean de Fiesole, en religion fra Giovanni, naît vers 1400 dans le Mugello. Il entre à 17 ans chez les dominicains et se distingue comme un excellent peintre d’enluminures, de fresques et de retables. « Peintre de la lumière », il l’est par sa pratique des couleurs, par le message clair que son art diffuse. Son langage est simple et intense. Parfaitement au fait des innovations artistiques de Florence, il maîtrise la nouvelle composition géométrique enseignée par les traités d’Alberti dès 1435 permettant une perspective calculée et cohérente de la scène.
Fra Angelico et la fresque de la Nativité
En 1436, un ancien couvent florentin fut attribué aux dominicains de Fiesole par le pape Eugène IV. Cosme de Médicis finance les travaux, l’architecte Michelozzo donne les plans, fra Angelico avec son atelier se charge des décors. La fresque de la Nativité, peinte vers 1440, au premier étage du couvent San Marco, dans la cinquième cellule, était destinée à des lecteurs avertis, frères prêcheurs dominicains. Le moine, seul, agenouillé, pouvait regarder, méditer puis contempler doucement la scène. L’image peinte par fra Angelico était capable de susciter l’émotion mystique.
Les Dominicains ont un lien étroit avec le Christ et ses souffrances. Dans leurs images affleurent les mouvements les plus sensibles de leur âme. Ici, la composition, réfléchie par le Pictor Angelicus, se fonde sur des obliques guidant notre lecture, nos enchaînements d’idées. La composition est dépouillée, sans distraction possible. Le lieu de la naissance du Christ est austère : devant une pauvre étable ouvrant sur l’entrée d’une grotte, Jésus est posé nu sur un sol aride. La Vierge, Joseph, Pierre de Vérone, Catherine d’Alexandrie sont dans la contemplation la plus recueillie. Les anges du ciel se sont posés sur le toit de l’abri en une silencieuse liturgie. L’âne et le bœuf (agenouillés eux aussi) échangent des regards expressifs, ils s’abreuvent à la même eau. Une lumière du matin naturelle, transparente, unifie le tout. Elle donne l’illusion d’être…