De l’Avent à Noël (3/4) : La Nativité de Fra Angelico

Publié le 14 Déc 2023
Fra Angelico, parmi ses nombreuses œuvres, a traité de la Nativité au couvent San Marco à Florence. Auteur des fresques ornant chaque cellule de ses frères dominicains, le peintre, béatifié par Jean-Paul II, y déploie son génie mystique et sa spiritualité.

  Guido di Pietro, Jean de Fiesole, en religion fra Giovanni, naît vers 1400 dans le Mugello. Il entre à 17 ans chez les dominicains et se distingue comme un excellent peintre d’enluminures, de fresques et de retables. « Peintre de la lumière », il l’est par sa pratique des couleurs, par le message clair que son art diffuse. Son langage est simple et intense. Parfaitement au fait des innovations artistiques de Florence, il maîtrise la nouvelle composition géométrique enseignée par les traités d’Alberti dès 1435 permettant une perspective calculée et cohérente de la scène.  

Fra Angelico et la fresque de la Nativité

En 1436, un ancien couvent florentin fut attribué aux dominicains de Fiesole par le pape Eugène IV. Cosme de Médicis finance les travaux, l’architecte Michelozzo donne les plans, fra Angelico avec son atelier se charge des décors. La fresque de la Nativité, peinte vers 1440, au premier étage du couvent San Marco, dans la cinquième cellule, était destinée à des lecteurs avertis, frères prêcheurs dominicains. Le moine, seul, agenouillé, pouvait regarder, méditer puis contempler doucement la scène. L’image peinte par fra Angelico était capable de susciter l’émotion mystique. 

fra Angelico nativité fresque

La fresque de la Nativité par François Angelico (cellule 5), destinée à la contemplation des moines.

Les Dominicains ont un lien étroit avec le Christ et ses souffrances. Dans leurs images affleurent les mouvements les plus sensibles de leur âme. Ici, la composition, réfléchie par le Pictor Angelicus, se fonde sur des obliques guidant notre lecture, nos enchaînements d’idées. La composition est dépouillée, sans distraction possible. Le lieu de la naissance du Christ est austère : devant une pauvre étable ouvrant sur l’entrée d’une grotte, Jésus est posé nu sur un sol aride. La Vierge, Joseph, Pierre de Vérone, Catherine d’Alexandrie sont dans la contemplation la plus recueillie. Les anges du ciel se sont posés sur le toit de l’abri en une silencieuse liturgie. L’âne et le bœuf (agenouillés eux aussi) échangent des regards expressifs, ils s’abreuvent à la même eau. Une lumière du matin naturelle, transparente, unifie le tout. Elle donne l’illusion d’être…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Sophie de Gourcy

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (3/3)

3 - La démarche synodale comme processus du changement. | C’est bien toute la démarche synodale sur la synodalité qui, par son processus lui-même, est une machine à mettre en œuvre une Église plastique, compatible avec la modernité, c’est-à-dire sans contenu. Et cette démarche synodale trouve sa source, puise son inspiration et sa légitimité dans le concile Vatican II. Quelle lecture faire du Maître de la terre ? Ratzigérienne, bergoglienne ? Au lecteur de se faire une opinion, mais il faut lire Benson. 

+

synode évangélisation église
A la uneEgliseTribune libre

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (2/3)

Une volonté farouche de changer de paradigme (2/3) | Tout d’abord, et en amont de l’élection, la volonté farouche de changement de ceux qui ont préparé le règne. En 2007 paraissait un livre très éclairant et remarquablement conçu dans la plus pure tradition de la manipulation de l’opinion. La thèse de ce livre-programme qui devait se révéler prophétique peut se résumer ainsi : l’Église, depuis Constantin et avec pertinacité, s’est éloignée du message évangélique. Ce phénomène s’accentue à partir de la Renaissance quand l’Église s’entête de plus en plus en s’opposant à la modernité. Constatant au XXe siècle que des génocides ont été perpétrés dans des pays chrétiens (Allemagne, Rwanda), il faut en tirer la conclusion que cette manière ancienne d’être chrétien était fausse et qu’il faut refuser les préoccupations dérisoires que sont la connaissance de la foi, le nombre d’entrées au séminaire ou de sacrements célébrés, car tout cela détourne de l’essentiel qui consiste à apporter davantage d’humanité.

+

pape François synode
A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (1/3)

Nous nous interrogions en 2019 (1) sur le regard porté par Benoît XVI et François sur ce roman d’anticipation de tout premier rang qu’est Le Maître de la Terre de Benson. Plus personne (plus personne de sain d’esprit en tous cas) ne prétend à présent à la continuité entre les deux pontificats. Leurs ambitions, leurs idées, leurs spiritualités, leurs tempéraments que tout oppose trouveraient dans ce livre un point commun ? Non, décidément nous ne parvenons pas à comprendre. Si les deux pontifes ont recommandé ce livre puissant, les motifs en sont forcément différents. 

+

François maitre de la terre Benson
A la uneEgliseMagistère

La loi naturelle, une herméneutique à contextualiser ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le récent ouvrage de Mgr Livio Melina, Le discernement dans la vie conjugale, définit la loi morale comme une lumière sur le vrai bien, contre un paradigme, défendu par Karl Rahner et la cardinal Kasper, qui, sous couleur de pastorale et en tordant la notion de discernement, la présente comme inapplicable.

+

LOI NATURELLE Livio Melina
A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita