Les débats sur la constitutionnalisation de l’avortement n’ont pas manqué se s’appuyer sur des sophismes, erreurs de raisonnement, généralisations et autres manipulations du langage. Le discours mensonger est indispensable pour déguiser un crime en un droit inaliénable… Aussi faut-il préalablement débusquer les vices de cette logique.
Le 24 janvier dernier, la liberté d’accès à l’avortement dans la Constitution a été adoptée par les députés français. On comprend bien que le but est de faire du « délit d’entrave » un crime contre la Constitution. Ainsi, les opposants à la pratique des avortements tombent dans un délit d’opinion dès lors qu’ils l’expriment à quelqu’un voulant ou ayant pratiqué un avortement. Pour le logicien, cette législation est d’une bêtise sans nom. Tiens, « sans nom »…
Tu n’a pas de nom…
Si nos lecteurs ont suivi les différentes interventions de nos députés, ils ne sont sans doute pas passés à côté de celle de Sandrine Rousseau. Cette dernière a entrecoupé son propos de morceaux de la chanson « Non, non, tu n’as pas de nom » d’Anne Sylvestre (1974). Cette mélodie entonnée fébrilement par la députée donnait sa pensée philosophique sous-jacente. Pour le coup, nous avons bondi. Rationnellement rien ne va. Décomposons un peu. Sandrine Rousseau a commencé par reprendre ces paroles : « Non, tu n’as pas d’existence… » « Avoir une existence ». Cette formulation est profondément vide. On parle souvent, plutôt à gauche de notre échiquier politique notamment, de ne pas confondre « l’être » et « l’avoir ». Exister est de l’ordre de l’être. « Avoir l’existence » n’est qu’une périphrase absurde pour dire « exister ». La preuve, personne ne peut strictement nous « voler » – autrement dit devenir le possesseur – du fait que nous « soyons ». Au plus grave on peut nous aliéner, nous rendre esclave, nous faire cesser d’être, mais pas nous voler notre existence car elle n’est pas un « avoir ». « L’avoir » est un accident extrinsèque, extérieur à la substance qui possède. Autrement dit, on ne peut posséder que ce qui n’est pas substantiellement nous, comme des habits, une voiture etc. En toute rigueur, on ne peut même pas dire « mon corps ». Une preuve de cela est que lorsque « mon » corps souffre, c’est bien « moi » qui éprouve la douleur. Ainsi, nier l’existence d’une chose en disant qu’elle ne la possède pas (tout en s’adressant à elle) est soit une violence métaphysique très grande soit, et c’est notre avis, la preuve d’un manque cruel d’intelligence. Par ailleurs,…